« Le hasard ne favorise que les esprits préparés », disait Louis Pasteur, fondateur de l’Institut Pasteur (IP) qui vient de fêter ses 130 ans. Si cette maxime peut s’appliquer au découvreur du vaccin contre la rage, elle n’explique cependant pas, à elle seule, la longévité d’une structure dont l’excellence est reconnue dans le monde entier. Selon le Pr Stewart Cole, directeur général de la fondation, cette longévité tient au fait que « l’Institut Pasteur a toujours su rester fidèle aux valeurs qui animaient son créateur : humaniste, universalisme, transmission et persévérance ».
Pionnier de la santé globale
« Si la santé globale est un concept récent, Louis Pasteur et ses collaborateurs en sont les pionniers », indique le Pr Cole. C’est, en effet, dès 1 891 qu’Albert Calmette a inauguré le premier Institut Pasteur hors de France, à Saïgon, au Vietnam. À l’heure actuelle, le réseau international des Instituts Pasteur comprend 33 instituts, répartis dans 26 pays sur les 5 continents. « Pasteur et ses disciples avaient entrevu, bien avant tout le monde, que les fléaux infectieux transcendaient les frontières nationales », souligne le Pr Françoise Barré-Sinoussi, Prix Nobel de médecine en 2008 et présidente d’honneur du réseau international des Instituts Pasteur. « Cet esprit visionnaire leur a permis de comprendre que leur devoir était non seulement d’améliorer la connaissance scientifique mais, surtout, d’utiliser cette connaissance pour développer des moyens de lutte contre les maladies infectieuses et de diffuser ces savoirs en formant des experts locaux au cœur des zones d’endémies », ajoute-t-elle.
Lutte contre les maladies émergentes
À l’heure où la modification des écosystèmes, les changements démographiques, l’acquisition de mécanismes de résistance aux anti-infectieux et la mondialisation des échanges entraînent l’émergence de nouvelles maladies infectieuses et la ré-émergence de pathologies anciennes, le réseau des IP joue un rôle central. « En 2014 les premiers cas d’Ebola ont été confirmés par l’Institut Pasteur », indique le Pr Barré-Sinoussi. « Fin 2015, c’est à l’IP de Guyane qu’ont été confirmés les 1ers cas de Zika au Surinam et en Guyane, et c’est cet Institut qui a publié, début 2016, la première séquence génétique complète du virus Zika circulant en Amérique », ajoute-t-elle. L’an dernier, l’IP de Madagascar a été en première ligne pour endiguer l’épidémie de peste qui sévissait sur l’île.
« Ces instituts ont également des effets structurants au sein des systèmes de santé nationaux dont l’affaiblissement voire l’effondrement peuvent provoquer des crises sanitaires aux répercussions considérables », indique le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la santé.
Recherche et santé publique
Depuis 1907, l’Institut Pasteur a vu 10 de ses chercheurs récompensés par des prix Nobel de médecine. C’est dans cette grande maison qu’ont eu lieu « les travaux fondamentaux pour la compréhension des mécanismes de l’immunité grâce auxquels ont pu être développés ultérieurement des vaccins », souligne le Pr Barré-Sinoussi. C’est ici également que le vaccin recombinant contre l’hépatite B a été mis au point ou que, récemment, des gènes impliqués dans la surdité, dans la prédisposition à l’autisme et aux infections à papillomavirus ont été identifiés.
Enfin, l’institut Pasteur abrite 1/3 des centres nationaux de référence, héberge 6 centres collaborateurs de l’OMS et administre, chaque année, 70 000 vaccins dans son centre médical parisien.
« Dans leur travail quotidien, les chercheurs contribuent de façon décisive non seulement à la santé mais plus largement aux enjeux de développement », souligne Françoise Barré-Sinoussi. Qui conclut : « la santé est un facteur de stabilité, de sécurité et de croissance économique, mais il ne faut pas oublier que c’est surtout un droit fondamental de chaque être humain. »
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