Brève

Vertiges de la littérature

Publié le 07/07/2016
visuel culture

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Nouveauté Poche. La littérature échappe parfois à toutes les lois écrites. Un auteur venant de nulle part, ici d'Algérie, est immédiatement reconnu. Après 150 pages, il frise dès le premier essai le Prix Goncourt. Brise le poltiquement correct avec une parole libre. Et reconnaît le réel comme les seules racines d 'une géographie intime. Ce succès déborde l'Hexagone. Etrangement, Kamel Daoud, dès le premier essai, s'impose à la fois comme écrivain, intellectuel et journaliste à la manière d'un Albert Camus alors que son Meursault, contre-enquête s'inscrit dans le sillage de l'Etranger. Hommage à la littérature du colonisateur, c'est aussi une échappée belle pour tisser de nouveaux liens avec cet héritage. Au final, Kamel Daoud nous donne le vertige. Le lecteur n'a plus de rempart pour s'accrocher. Et résister à l'effacement des frontières entre l'imaginaire et le réel, le témoignage brut et l'exercice de style, la littérature et la politique, la citation et la créativité. À l'image de son modèle, une seule lecture n'en épuise pas le sens. Cette réédition en format poche devrait encore élargir le cercle des lecteurs. On attend désormais la suite.

Meursault, contre-enquête, Kamel Doud, collection Babel, Actes-Sud, 6,80 euros.

Gilles Noussenbaum

Source : lequotidiendumedecin.fr