Née avant la seconde guerre mondiale, et fille d’une mère institutrice laïque, j’ai été éduquée dans le fait qu’il avait fallu se battre pour le droit de vote des femmes, et que, maintenant il s’agissait non seulement d’un droit mais d'un devoir civique : donc à chaque élection je vais voter !
Mais j’avais appris, à l’école, que le législatif composé de la Chambre des députés et du Sénat devait préparer les lois qui remontaient de la volonté du peuple par le biais des élus locaux (maires et députés), et que l’exécutif (les ministres) était chargé de faire appliquer les lois avec l’aide de l’administration. Mais la réalité est tout autre : les lois, préparées par l’exécutif et votées pour la forme par le législatif sans tenir compte des oppositions (puisque le président s’est engagé à ne mettre sur ses listes que les soutiens de son programme), sont en fait préparées par la haute administration, inamovible du fait de son statut, et n’ayant de compte à rendre à personne. Pendant ce temps la profusion de lois n’est pas appliquée (ex : les peines prononcées par la justice).
En conséquence, que l’on vote à droite, à gauche ou au centre : les politiques sont celles voulues par « l’État profond » qui pense surtout à sa carrière, et comme les mêmes restent en place, rien ne change ! J’écoute politologues, journalistes et autres membres de plateaux télévisés s’interroger sur le mode de scrutin : par la poste, par internet, rendre le vote obligatoire etc. Ils n’ont rien compris ou prennent les Français pour des demeurés : tant que la politique demeurera floue dans ses propositions concrètes, les gens bouderont les urnes.
Ils font tous la même politique de santé
Une solution : proposer de compter le vote blanc avec un système de l’administration sous contrat à durée déterminée pour les postes de direction avec obligation de rendre compte devant le législatif et la Cour des comptes. Ainsi, les politiques se verraient obligés de fournir des programmes différenciés selon leur idéologie car rien n’est pire – comme ce fut le cas pour la santé — que de subir la même politique, initiée par Castex, Fatome, Revel etc. On ne vote pas car il n'y pas de choix d'alternance crédible comme le montre la politique de santé depuis Alain Juppé. Avec toujours la même volonté de déposséder les médecins de leurs responsabilités au profit d’une administration lente, tatillonne, qui émet toujours plus de normes et de règlements avec une démultiplication d’instances coûteuses sans grande utilité mais aux frais du contribuable : il faut rendre la médecine aux médecins et laisser à l’administration ce qu’elle sait faire, à savoir ce qu’elle peut ou doit prendre en charge sur le plan financier.
Lorsque le choix de société sera clair les électeurs reviendront dans les urnes car la politique « blancs bonnets ou bonnets blancs » ne marche pas.
Lorsque le président a dit « je veux que l’exercice isolé devienne progressivement marginal, devienne l’aberration et puisse disparaître à l’horizon de janvier 2022 » et que la Cpam met en place des ateliers collaboratifs pour construire un plan d’actions avec l’équipe leader de la communication, où est le projet médical alternatif voulant des médecins peu nombreux mais hautement formés, avec un haut niveau scientifique, capables d’assumer les décisions que leur confèrent 10 ans ou plus d’études ?
Tant que la politique sera faite par quelques minorités bruyantes, et véhiculées par des médias au solde du « politiquement correct », l’abstention progressera.
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