Ayant lu récemment dans « Le Quotidien du Médecin » un article sur la féminisation de la médecine, il m'a paru intéressant de faire redécouvrir la publication de la sociologue Géraldine Blois (qui a publié de nombreux travaux s'intéressant à l'exercice médical).
Comment en sommes-nous arrivés là ? C’est dans l’excellent travail de la sociologue, publié à la DREES (2011) : « Jeunes diplômés de médecine générale : devenir généraliste ou pas » sur les enseignements du suivi d’une cohorte d’une cinquantaine d’anciens internes de médecine générale (2003–2010) que se trouvent les réponses. De ce travail de 141 pages ressortent :
- Une évidence : depuis 2004 les femmes sont majoritaires dans les promotions de Médecine.(60-70 %).
- Des faits : Dans la cohorte étudiée, (51 internes de médecine générale) environ 20 % sont généralistes installés dix ans après l’ECN (Examen Classant National), dont une majorité d’hommes dans ce groupe. Un parcours linéaire conforme aux intentions annoncées. Environ 20 autres % sont urgentistes hospitaliers ou en ville (SOS médecins). Les autres se répartissent entre remplacements réguliers, spécialités de médecine générale (gériatrie, pédiatrie en PMI. , gynécologie en Planning familial, médecin scolaire ou de crèche), poste salarié hospitalier et non hospitalier (Médecins conseils, médecins territoriaux) : ces postes sont majoritairement occupés par des femmes.
- Des analyses : « Ces reconversions (d’Internes de Médecine Générale) prennent une orientation « MG- fuge » « sans qu’il n’y ait à aucun moment de refus ou de dégoût de la médecine générale. Simplement, autour de la trentaine, les conditions de la vie en couple et de l’entrée dans la parentalité d d‘une part, les structures d’opportunités professionnelles qui se présentent aux unes et aux autres, d’autre part, viennent déséquilibrer et différencier les trajectoires entre les jeunes hommes et jeunes femmes de la cohorte. »
Et la sociologue de poursuivre : « Si l’engagement des femmes par rapport au travail n’est pas en cause, leurs réalisations au cours des quelques années qui suivent l’ECN portent l’empreinte du genre. Le genre guide d’abord le choix des spécialités pour ceux et celles qui s’éloignent de la médecine générale, ainsi que des postes de salariés hospitaliers et non hospitaliers : ces postes n’attirent que des femmes dans la cohorte étudiée. » Comment l'expliquer ? « Leur choix de ces postes serait incompréhensible s’il n’était adossé à un système de rôle asymétrique fondé sur des normes culturelles. Elles s’y engagent d’abord au nom de compromis réalistes à trouver entre leur rôle familial traditionnel et leur volonté de se maintenir dans l’emploi. Plusieurs sont prises dans un réseau serré de contraintes : rester à proximité du domicile, des lieux de vie des enfants, respecter les impératifs horaires liés à leur récupération, gérer l’essentiel de la vie domestique et familiale. » Ce travail de 140 pages réalisé par une sociologue femme, publié il y 10 ans permet de comprendre la situation actuelle.
Exergue : Comment en sommes-nous arrivés là ?
Appendicite et antibiotiques
La « foire à la saucisse » vraiment ?
Revoir la durée des études de médecine
Réformer l’Internat et les hôpitaux