Courrier des lecteurs

Covid : le bon moment pour le bon traitement ?

Publié le 05/03/2021

Généraliste retraité, toujours inscrit à l'Ordre, j'avais acquis depuis janvier 2020 la certitude que nous n'échapperions pas à la pandémie et que la Covid-19 pouvait être assimilée à un syndrome auto-immun avec une première phase inflammatoire, de 7 à 8 jours, le plus souvent silencieuse mais capitale si l'on voulait instaurer un traitement préventif car, une fois les phénomènes immunitaires activés, les seuls traitements utiles étaient des actes lourds en milieu hospitalier.

Trois courriers d'alerte

J'ai essayé d'alerter, début avril notre ministre de la Santé, en lui communiquant la physiopathologie de la maladie telle que je la concevais sur la base de mon expérience et de quelques connaissances en immunologie (les connaissances actuelles ont, depuis, validé ma perception de la maladie). Devant le silence abyssal de Monsieur le ministre, j'ai alerté successivement le Premier ministre puis le président, qui ont eu, tous deux, la courtoisie d'accuser réception de mon courrier.

Depuis avril, j'ai mené une étude bibliographique poussée qui m'a permis d'élaborer une description pertinente de la Covid-19. Il me manquait toutefois des preuves évidentes de la pertinence d'un traitement prophylactique alors que la HAS persiste toujours à proscrire tout traitement préventif. Deux études très récentes m'ont livré ces preuves tant recherchées.

La première, pilotée par le Pr David Smadja (28/12/2020), relayée par "Le Quotidien du Médecin", démontre qu'un patient hospitalisé pour Covid-19, alors qu'il est sous anticoagulants, à un bien meilleur pronostic qu'un malade, au même profil de morbidité mis sous anticoagulants après son hospitalisation. Cela prouve à l'évidence que le premier a bénéficié d'une anticoagulation préventive pendant la phase inflammatoire de la Covid-19 tandis que le second n'a tiré aucun bénéfice du même traitement pendant la phase immunitaire.

La deuxième étude, publiée par le JAMA le 01/02/2021, relayée par la revue cardio-online, menée par le Pr Angoulvant et le Dr Naïm Ouldali, portant sur une cohorte de 111 enfants présentant un MIS-C après contamination par le SARS-CoV-2 a démontré que les patients ayant reçu une association d'immunoglobulines/IV et de corticoïdes (méthylprednisolone) ont eu un bien meilleur pronostic que ceux traités par immunoglobulines seules. Cela démontre que l'utilisation préventive de corticoïdes au tout début de l'affection est de nature à diminuer les risques de passage en réanimation et de décès.

J'ai adressé au ministre de la Santé un plaidoyer pour convaincre, le plus vite possible, la HAS, de prendre acte de ces informations et d'inciter les médecins libéraux à utiliser ces traitements préventifs.

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Dr André Farrugia Médecin généraliste

Source : Le Quotidien du médecin