Le désarroi croissant de certains élus locaux et acteurs de la vie publique devant une désertification médicale avérée est en passe de devenir dramatique. Elle a d’abord frappé nos campagnes puis s’installe d’ores et déjà dans les villes de petite et moyenne importances.
De plus en plus de responsables proposent maintenant de recruter des médecins diplômés hors de l’UE afin de compenser ce nouveau désastre sanitaire et médico-social. Quid de leur niveau de formation ? C’est à se demander si notre cher pays, au sens propre et figuré, ne serait pas devenu une vraie république bananière. Pourquoi proposer de faire venir ces confrères de pays lointains qui, le plus souvent, manquent eux-mêmes de professionnels de santé ? Un comble. Inadmissible en terme humanitaire.
Dans la foulée de ce profond désespoir et en l’absence de solutions raisonnables et pragmatiques, ne devrait-on pas aussi faire appel aux ONG ? ...aux Cabinets de conseil ?... sans oublier les Sociétés de gestion d’Actifs (en bourse) afin d’en assurer le financement. Cette « pandémie » de désertification médicale est concomitante d’une administration pléthorique complice, politiquement, d’une désorganisation de la complémentarité indispensable entre la médecine libérale et l’hospitalisation publique.
Mais où passe cet argent ?
Face à cet immense gâchis au sein d’un système de santé jadis le meilleur du monde, rappelons que la France, au sein de l’UE, est le pays avec l’Allemagne, dont les dépenses de Santé en termes de richesse nationale sont les plus importantes, à 11,2 % du PIB (INSEE DREES 2021). Pourtant, si l’on prend les différents critères servant théoriquement au calcul de ces dépenses annoncées, on est en droit d’être circonspect. En effet, en tenant compte des prestations hospitalières remboursées par la Cnam, du nombre de lits par habitant, du nombre de personnels médicaux par lit, du nombre de médecins hospitaliers et libéraux par habitant, des revenus nets libéraux et salaires des médecins, du prix public des médicaments, de la tarification des actes médicaux et paramédicaux, etc. la France se situe entre les 7e et 9e rangs au sein des pays de l’UE (Eurostat 2020).
Cherchez l’erreur et cherchez où peut bien passer tout cet argent. Le principe des vases communicants au sein de la solidarité nationale et de la protection sociale, toutes branches confondues, est normalement caduc depuis le milieu des années 1990, sous le secrétariat d’État à la Santé de Philippe Douste-Blazy. Je l’affirme car j’avais, en son temps, participé à ce débat : ce qui revient à l’Assurance Maladie en termes de cotisations doit revenir et rester à l’Assurance Maladie. Hélas, il n’en est rien, loin s’en faut, d’autant que les rapports diffusés par la Cour des comptes sont aux abonnés absents depuis longtemps.
Il est grand temps de se poser les vraies questions et de désigner les responsables. Mais, rassurez-vous, l’OMS, l’UE, Anthony Faucy, Klaus Schwab et Bill Gates, entre autres, voleront bientôt à notre secours par GAFAM et Big Pharma interposés.
Pauvre médecine de France et pauvres malades en devenir.
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Exergue : Il est grand temps de se poser les vrais questions et de désigner les responsables.
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