L’argumentation simple et de bon sens a été délaissée.
Oui, nous manquons de recul sur les effets secondaires à long terme des vaccins à ARNm, et oui, la pharmacovigilance pour ces vaccins est loin d’être parfaite.
Mais nous manquons aussi de recul sur les effets secondaires du Covid, aucune étude épidémiologique sérieuse de cette maladie n’a été mise en place, et c’est bien plus dangereux. Si nous ne connaissons pas de vaccins responsables de maladies graves révélées tardivement, nous connaissons des virus qui provoquent tardivement des maladies graves, et en particulier des cancers :
*Le virus de l’hépatite B et celui de l’hépatite C : cancers du foie.
*Le papillomavirus : cancer du col de l’utérus.
*Le virus d’Epstein-Barr : lymphome de Burkitt, et cancers du nasopharynx.
Mais revenons aux débuts du vaccin, lorsqu’il n’était qu’un espoir. La vaccination, sur laquelle s’est d’emblée fondée toute la stratégie française, reposait sur la confiance en ce médicament nouveau.
Nos gouvernants ont cassé la confiance
Pourtant, président et gouvernement ont sacrifié la confiance. D’abord, « le masque est inutile ». Ensuite, le Président Macron a affirmé à la fin de la première vague – persuadé alors qu’il n’y en aurait pas de seconde —, « il n’y a jamais eu de pénurie de masques ni de protections dans les hôpitaux ».
Les soignants, ceux-là qui passaient au four des masques à usage unique de 4 heures, pour les remettre plusieurs jours, ceux-là qui mettaient des sacs-poubelles en guise de protection, ceux-là auxquels on intimait de venir travailler même en ayant le COVID, ceux-là qui ont vu des collègues mourir d’avoir manqué de protections, et pire, qui ont contaminé des proches fragiles, les soignants donc, en entendant cette déclaration ont vu la valeur de la parole du Président. J’ai failli écrire « en encaissant cette déclaration », car celle-ci signait un mépris affiché pour le sacrifice d’être allé sans protection au contact de la maladie.
Et ces soignants, au sens du devoir sans faille, applaudis quotidiennement, sont aujourd’hui montrés du doigt et contraints à une vaccination imposée brutalement par des dirigeants envers lesquels leur défiance est légitime.
Défiance en raison des mensonges assumés, mais aussi de la gestion incohérente de l’épidémie. Les exemples indiscutables et persistants sont multiples et inquiétants, jusqu’à l’absence de consigne d’ouverture des vitres dans les transports en commun. Emmanuel Macron n’en est pas le seul coupable (Pécresse, Bertrand, Hidalgo et d’autres pourraient faire ouvrir les vitres des bus et métros), mais il est le premier coupable.
Si la légitimité des soignants à refuser le vaccin est issue d’une défiance légitime, leur refus est aussi la conséquence des discours complotistes, malheureusement étayés par des preuves de mensonges et de fautes d’État.
Quel site gouvernemental expose le pour et le contre du vaccin, en spécifiant : « si on manque de recul pour le vaccin, on manque aussi de recul pour les conséquences de la maladie, et c’est pire » ? 50 spots par jour pour dire « Faites-vous vacciner et on pourra s’embrasser » remplaceraient l’argumentation et la confiance ?
Quatre objections à lever
Il est pourtant simple d’apporter des réponses aux autres grandes objections :
Objection sur l’efficacité du vaccin : il y a beaucoup de vaccinés malades. Il est nécessaire de savoir calculer. Voici un exemple avec des chiffres inventés : dans un pays de 60 millions de personnes toutes vaccinées sauf 10, s’il y avait 2 malades en réanimation, l’un vacciné et l’autre non, 50 % des malades en réanimation seraient vaccinés. Mais, parmi les vaccinés, un sur 60 millions serait en réanimation, contre un sur 10 parmi les non-vaccinés.
Objection sur la sécurité du vaccin : l’ARN du vaccin est dangereux et peut être incorporé à notre ADN. Je ne sais pas si c’est vrai, mais je choisis facilement entre :
- recevoir par le vaccin l’ARN messager viral codant pour une seule protéine du virus, la protéine Spike,
- risquer d’être infecté et de recevoir tout l’ARN viral, celui des 29 protéines du virus, à partir duquel nos cellules fabriqueront l’ARN messager codant pour ces 29 protéines. Même si le vaccin n’évite pas forcément l’infection, la protection qu’il confère ne peut exister que par une réduction de la multiplication virale en intensité et en durée.
Objection sur l’utilité du vaccin pour les jeunes : « je suis jeune et les jeunes font des formes asymptomatiques ou bénignes, très rarement graves ». Comme exposé au début, les malades d’aujourd’hui, même asymptomatiques, feront peut-être 100 fois plus de cancer du poumon dans 15 ans.
Autre risque majeur, plus le virus se multiplie, et plus augmente le risque d’apparition d’un variant catastrophique (mortel, même chez les jeunes, très contagieux, et à incubation longue, telle qu’avant de se savoir infecté, un individu aura contaminé des centaines d’autres personnes).
Ces risques pour l’humanité rendent urgentissime de bloquer cette épidémie par tous les moyens, et le vaccin en est un des principaux. Que l’État soit défaillant à mettre en œuvre d’autres moyens nécessaires ne rend pas moins déraisonnable le refus de se faire vacciner.
Objection sur les profits des laboratoires : le vaccin, c’est Big Pharma. Des "scientifiques" citent plein de molécules en disant "ça pourrait être efficace", ce qui sous-entend : "si, vous, vous faites le travail et prouvez l'efficacité d'une molécule, je m'en approprierais une partie en disant ''je l'avais dit le premier' ". Un peu comme les conseilleurs aux courses de chevaux : "Vous ne me reversez 20 % que si le cheval que je vous ai conseillé gagne". Il suffit de conseiller autant de parieurs qu'il y a de chevaux au départ, aucune compétence n'est requise, juste ne pas se laisser étouffer par les scrupules.
Peu m’importe que le vaccin rapporte de l’argent à des laboratoires ! Ils l’ont bien mérité, puisque d’autres ont investi des milliards et les ont perdus en échouant à produire un vaccin efficace (que certains aient échoué confirme que ceux qui ont réussi ont vraiment réussi à produire un vaccin efficace).
Certains affirment « Refusons le vaccin, car on ignore des molécules anciennes, bon marché et efficaces ». Qui peut croire qu’un scientifique cacherait un résultat qui lui ferait gagner le prix Nobel en sauvant des millions de personnes ? Qui peut croire qu’un pays et son président se priveraient de la gloire d’avoir trouvé LE traitement ? Personne hormis un antivax radical ou un naïf victime du premier.
Se faire vacciner ou non n’est pas un bulletin de vote de protestation. On choisit ce qui est le mieux pour sa santé et celle de ses proches d’abord. Ce qui est le mieux pour son pays aussi, en sachant que la ruine économique tue autant que la maladie.
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