Avant de rentrer dans le sujet, je veux préciser que je suis spé en imagerie médicale dans un petit cabinet libéral. À quelques mois de la retraite, alors que je souhaite lever le pied, je vois mon activité augmenter énormément, parce qu'un excellent confrère d'une ville voisine a pris sa retraite sans trouver de successeur ! Le nombre de « mes » confrères prescripteurs augmente sans arrêt et mes délais de rendez-vous s'allongent malgré des journées de plus en plus remplies…
Perdu dans le centre de la France, je ne me soucie pas des commentaires sur internet, (d'ailleurs il n'y en avait pas) mais… Récemment, un nouveau patient, très gêné, plutôt satisfait de ma consultation, m'a demandé pourquoi j'avais un avis si détestable sur internet ! Ma secrétaire a ressorti le commentaire : dans un français très approximatif le patient me descend en flamme !... En fait, il me reproche de ne pas avoir été gentil et à ma secrétaire de ne pas lui avoir fait le tiers payant !
Que s'était-il passé ? Ce patient (pas très propre sur lui) n'avait pas respecté les consignes pour son examen d'échographie : ni à jeun ni vessie pleine, rendant de ce fait mon examen difficile et partiel. Comme manifestement il s'en fout… Je lui ai dit que la sécu lui payait un examen de 75 euros et qu'il le sabotait en se moquant des consignes. Bien sûr, cela n'a pas plu.
J'ai eu, il y a quelques années, pour un motif voisin, une plainte à l'Ordre de la part d'un patient qui, à la conciliation, a finalement demandé de pouvoir continuer à avoir accès à son radiologue de proximité ! (Je le revois régulièrement depuis et chaque fois je le sens un peu penaud !)
Gentils, mais surtout efficaces !
Que faut-il en penser ? Personnellement, je pense que nous sommes là pour faire de la médecine, être efficace, ce qui n'empêche pas d'être gentil mais parfois oblige à « grogner un peu » ! L'Ordre, lors de la conciliation m'a fait comprendre, très gêné, que j'avais raison mais qu'il ne fallait pas faire de vagues…
Je le redis, je pense que nous sommes là pour faire de la médecine et respecter les bonnes pratiques et non pour faire plaisir aux patients car alors les conséquences seront (et sont déjà) dramatiques : pas de touchers pelviens lors des examens pour ne pas choquer la pudeur des patients ou se faire accuser de pratiques bizarres, arrêts maladie et de travail de complaisance, prescriptions de complaisance, etc.
Pour ce mot incendiaire sur internet, écrit par un « cas social », les gens normaux feront la part des choses et les autres cas soc' ne viendront plus dans mon cabinet. Tant mieux ! Chers confrères, soyez médecins, même si cela n'empêche pas d'être gentil !
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