Il est temps de rouvrir une spécialité d'ophtalmologie médicale

Publié le 12/11/2021
Article réservé aux abonnés

Un commentaire de gros macho : nos géniales tutelles ont mis 20 ans à comprendre qu'il fallait des gynécologues médecins et pas seulement des chirurgiens : d'où une pénurie majeure de gynécologues médicaux. À ma faible connaissance d'orthopédiste, les femmes françaises font 1,9 grossesse pendant leur vie, mais restent des femmes le reste du temps et semblent apprécier de consulter un « gynéco » de temps en temps.

Elles (nos géniales tutelles) vont peut-être un jour comprendre que le problème est le même pour l'ophtalmologie, sauf que si seulement la moitié des Français sont des femmes, il y a environ quatre fois plus d'yeux que de femmes en France. Et si j'en juge par le plateau technique lourd qui est utilisé par l'ophtalmologiste chaque fois que j'y vais (il me fait passer au moins par quatre machines complexes à chaque fois), cette fonction n'est pas financièrement accessible aux généralistes. Il est temps de rouvrir une spécialité ophtalmologie médicale. Un ratio raisonnable pour un chirurgien c'est 2-3 consultations pour une intervention. En ophtalmologie, on doit être vers 30-50 : le système actuel est mauvais.

Dans le domaine de la douleur, ayant son origine dans l'appareil locomoteur (le mien), il y a une place pour des médecins non-chirurgiens : les rhumatologues. Et, même si je considère, comme tous mes collègues orthopédistes, que la seule différence entre un rhumatologue et une pieuvre est qu'il arrive que la pieuvre relâche sa proie, comme tous mes collègues également, je suis content qu'un autre spécialiste de la douleur prenne en charge les pathologies inflammatoires et les douleurs chroniques à l'étiologie incertaine.

Que tous les ophtalmologistes soient chirurgiens est aussi stupide que si tous ceux qui prennent en charge la douleur devaient suivre une formation d'orthopédiste ou de neurochirurgien. Les CES ont disparu en 1984, et c'est maintenant qu'on paye cette funeste erreur.

Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .

Exergue : Les CES ont disparu en 1984, et c'est maintenant qu'on paye cette funeste erreur

Dr Jean-Roger Werther, Chirurgien orthopédiste, Paris

Source : Le Quotidien du médecin