Courrier des lecteurs

Il est urgent d'arrêter les suspensions des soignants non-vaccinés Covid-19

Publié le 24/09/2021

Il me semble très urgent de réagir aux suspensions administratives des personnels soignants qui n'ont pas consenti aux vaccins anti-Covid-19. Quels que ce soit les arguments médicaux et légaux, aussi fondés soient-ils, de se plier à l'obligation vaccinale Covid-19, le pragmatisme doit l'emporter et non l'absurde.

Les arguments pour une levée immédiate de suspension sont innombrables : pas d'obligation vaccinale aux Antilles (30 % de soignants vaccinés) ; pas d'obligation à la population générale y compris très fortement exposée comme les enseignants ; recul actuel massif de l'épidémie ; quasi-disparition actuelle de la mortalité de Covid-19 ; amélioration spectaculaire de la prise en charge des cas graves ; le vaccin n'empêche pas les transmissions ; la persistance de la relative immunité obtenue par le "vaccin" au-delà de quelques mois n'est pas démontrée, etc.

La campagne de vaccination a été massive, un nombre minime de refus est négligeable (quelques pourcents, 10-15 % (?) des soignants) quant au bénéfice général pour la population (et en tout cas très inférieur au taux d'inefficacité de cette vaccination parmi les vaccinés, estimé à 20 %).

Il est indéniable qu'il n'y a pas de recul suffisant pour juger pleinement de la situation quand simultanément se développent le taux de vaccination mais aussi la meilleure gestion des cas graves et le recul spontané de l'épidémie : trop d'incertitudes insupportables à certains, d'autant qu'un "autre vaccin" par voie nasale est annoncé ; et que la vaccination massive n'a pas empêché une troisième vague en Israël…

On n'oubliera pas la désorganisation des services causée par ces suspensions, déjà sur les genoux, le caractère vexatoire et stigmatisant pour les personnes de ces suspensions, l'absurdité insoutenable de voir sa carrière brisée quand enfin la sortie de crise est en vue, les défections, démissions, absentéisme, et autre démotivation massive dans le domaine du soin (comme celui de l'enseignement d'ailleurs) renforcés par le très probable départ du domaine du soin de ces « suspendus » après cette énième épreuve…

Le consentement aux soins est un impératif en général et particulièrement en situation d'incertitude et vis-à-vis de cette infime minorité de soignants opposants qui a été en première ligne "à main nue" (sans masque, sans blouse, sans test, sans prophylaxie…) pour affronter le Covid-19 depuis deux ans et qui a survécu très probablement avec un traumatisme psychique majeur ou pour le moins un "syndrome post-traumatique", qui fait qu'il n'est pas psychiquement acceptable pour eux de se faire injecter quoi que ce soit de ce microbe, y compris un modeste et éphémère ARNm d'une infime partie de la protéine spike.

Psychisme fragilisé par la crise

Le psychisme fragilisé fait partie des cas où il faut surseoir à l'application d'un soin qui ne présente aucun caractère d'urgence vitale (il ne s'agit pas d'une transfusion sanguine refusée par un témoin de Jéhovah qui saigne massivement), tous les médecins le savent.

Les suspensions administratives de personnels dévoués, altruistes, qui ont dépensé leur temps et leur énergie sans compter depuis deux ans sont intolérables aussi bien pour eux qu'elles devraient l'être pour nous tous. Leurs conséquences seront catastrophiques.

Nous demandons solennellement aux dirigeants de ne pas prononcer de suspensions administratives, ces sanctions entrant en totale contradiction avec « l'intérêt du service » et la « continuité des soins », mais plutôt de prévoir des évaluations personnalisées de ces personnels chapeautées par les médecins du travail, et de lever immédiatement des suspensions administratives qui auraient été pratiquées de manière précipitée pour ne pas dire irresponsable.

Exergue :La campagne de vaccination a été massive, un nombre minime de refus est négligeable quant au bénéfice pour la population

Dr  Frédérique Pfeiffer, Chirurgien-Gynécologue-Obstétricien, Collectif CHOCS9 cube

Source : Le Quotidien du médecin