Courrier des lecteurs

La fin du monopole médical : danger ou opportunité ?

Publié le 26/11/2021

Du point de vue du médecin, la fin du monopole médical est bien sûr un danger majeur pour la qualité des soins, mais où est la qualité quand le patient ne peut accéder aux bons soins au bon moment ? « Rien en dehors de notre savoir médical » ne peut être une réponse acceptable en toutes circonstances.

Pour la population, c’est une opportunité, car l’espoir d’une réelle amélioration de l’accès aux soins. Aujourd’hui dans nombre de territoires, c’est le parcours du combattant que d’obtenir un avis médical rapide, même si une urgence est ressentie. Régulièrement, le seul recours est de se présenter aux urgences d’une structure d’hospitalisation.

Un monopole ne peut se justifier que si la population cible est satisfaite. Qui, aujourd’hui, se plaint d’Amazon ou de Google ? Si nous mettons de côté le contexte social de ces entreprises, pour le client la satisfaction est complète.

Qui regrette la disparition du monopole des dockers sur les ports ou des taxis dans le transport des personnes ? Probablement pas grand monde, en raison des difficultés rencontrées par les utilisateurs pendant la période monopolistique.

Un monopole peut, à la limite, se comprendre s’il satisfait parfaitement le public. Il y a malheureusement longtemps que le corps médical a oublié cette donnée. Le citoyen ne peut accepter plus longtemps un monopole qui nie en grande partie ses besoins.

La fin du monopole médical sera une opportunité si elle s’accompagne d’une réorganisation du monde de la santé rationnelle, avec une gradation dans les interventions liée à la demande, une coopération de tous, où chaque profession de santé sera sollicitée à bon escient pour faire bénéficier le patient de son expertise, et saura passer la main si ses compétences sont dépassées. Cette organisation devra bien sûr s’appuyer sur un tissu territorial éliminant toute zone blanche où le citoyen n’a d’autre choix que de faire le 15 et d’attendre quelle que soit la sévérité de son problème médical.

Ainsi, la qualité, chère aux médecins sera au rendez-vous et l’accessibilité, indispensable pour le citoyen, sera réelle. C’est alors que tous, solidairement, nous limiterons réellement les pertes de chance de recouvrer la santé que nous déplorons quotidiennement.

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Dr Eric Perchicot, Cavaillon (84) Ancien président du Syndicat National des Cardiologues et du Conseil National Professionnel de cardiologie.

Source : Le Quotidien du médecin