La médecine n’est pas une science ; et pas davantage une technique. La médecine est un art. La science est factuelle ; elle repose sur l’expérimentation ; c’est-à-dire : pratiquer un test, effectuer une épreuve puis prendre connaissance du résultat : la preuve. La technique est usuelle ; c’est un savoir faire qui s’acquière en appliquant une méthode ; c’est-à-dire : prendre connaissance du procès puis mettre en pratique ce savoir.
La médecine est existentielle. Certes, elle s’appuie sur les données de la science et s’applique selon des techniques. Mais, elle n’en est pas moins un art, celui de prendre connaissance de l’être humain, son corps et son esprit, et déterminer son état de santé. Elle repose sur l’expérience. Et cette expérience est humaine. Et elle est aussi précise et exacte que faillible car : « Errare humanum est ».
La Médecine a dissocié la neurologie de la psychiatrie et ce schisme a attribué à la neurologie, la médecine organique du système nerveux et à la psychiatrie, la médecine psychique de l’âme. Or, la psychiatrie est « tombée malade » lorsqu’a vu le jour la DSM, la classification américaine des troubles mentaux. Ce manuel, destiné originellement à la recherche, détourné de son objet, est devenu la Référence universelle de la pratique de la psychiatrie. Mais la DSM n’est qu’un catalogue de symptômes extrait de toute référence théorique et historique car son principe essentiel repose sur la fiabilité inter-juge entre les différents chercheurs dans le domaine de la maladie mentale.
La maladie mentale serait-elle la photographie d’un état psychique à l’instant « t » dans sa synchronie ? Ou bien un état psychique issu d' « un avant » et d'« un après » c’est-à-dire, inscrit dans sa diachronie ? Mais là n’est peut-être pas le débat de fond.
En réalité, aujourd’hui, la Médecine se veut un art mais aussi une science ; c’est-à-dire, avec l’exigence qu’apporte la preuve. Et la psychiatrie, comme les autres spécialités médicales, se voit prise en étau entre « le corps » et « l’esprit » (l’âme). D’où l’apparition et l’essor des neurosciences, celles-là mêmes qui viendraient apporter la preuve d’un fait psychique. Descartes aurait-il eu raison en avançant : « Cogito ergo sum » ?
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