Il y a quelques années, lorsque le médecin libéral était appelé pour une garde à vue, il signait un document qui était envoyé par les forces de l’ordre aux services administratifs, lesquels rémunéraient ensuite le praticien avec un délai plus ou moins long. Depuis quelques années les pouvoirs publics ont décidé de pratiquer différemment.
Ainsi lors d’une réquisition faite dans le cadre d’une garde à vue, ou lors d’une expertise d’une administration, le praticien doit se connecter sur le site Chorus. Cette nouvelle donne fait suite au surcroît de travail des fonctionnaires ou agents territoriaux (et pourtant on augmente leur nombre dans certains services territoriaux) ; elle permet également de mieux contrôler les factures émises par les fonctionnaires parisiens (il peut y avoir de la fraude en cas de connivence avec certains) ; enfin, elle est censée favoriser un paiement plus rapide des médecins (ce qui me laisse dubitatif).
Bref, pour décharger l’administration d’un poids, le médecin libéral va lui mâcher le travail. Il doit s’atteler à cette tâche, en plus de la surcharge de travail induite par la pénurie de confrères. L’art de rendre complexe un système qui pourrait être plus simple…
Un vrai parcours du combattant
J’ai dû tester ce système pour être rémunéré d'expertises et visites d’embauche. J’ai été surpris par la démarche nécessaire pour déposer une facture (elles doivent l'être une par une). Il faut scanner le document (fiche de paiement), donner la référence de l’administration concernée, bien mentionner le service concerné au sein de celle-ci, remplir le formulaire de paiement, et envoyer enfin la totalité du contenu avec la pièce jointe. Au final, il faut près de cinq minutes pour chaque facture ! Au lieu de faire très simple et donner la possibilité d’envoyer le listing mensuel des factures, il est plus amusant de rendre ce travail plus fastidieux.
Tout cela probablement pour que les médecins évitent ces envois, ce qui génère de ce fait des économies pour l’État. Par voie de conséquence, nombreux sont les confrères qui refusent d’établir des certificats de garde à vue car ils ne veulent pas faire des démarches trop chronophages pour être payés ; ce qui désole les agents de la force publique - les gendarmes notamment - qui reconnaissent ouvertement l’absurdité de ce système. Et le nombre de médecins agréés acceptant la mission d’expertise se réduit en peau de chagrin, car personne ne veut perdre du temps avec un système aussi complexe.
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .
Appendicite et antibiotiques
La « foire à la saucisse » vraiment ?
Revoir la durée des études de médecine
Réformer l’Internat et les hôpitaux