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Dossier

Et si la rigueur menaçait vos revalos...

Faut-il désespérer du C à 25 euros ?

Publié le 25/04/2014
Faut-il désespérer du C à 25 euros ?


GARO/PHANIE

La santé ne sera pas épargnée par le plan d’économies dévoilé cette semaine par le Premier ministre. Dans ce contexte de rigueur budgétaire – même si le gouvernement ne veut pas évoquer ce terme –, les médecins risquent eux aussi de devoir faire des efforts, via un Ondam resserré. Nul besoin d’être devin pour dire que, pour les généralistes, les chances de voir le C augmenter sont minces. Même si vos syndicats veulent encore y croire...

Faut-il encore y croire ? Depuis le début 2014, le C à 25 euros est sur toutes les lèvres ! Arrivera ? Arrivera pas ? À peine élu président de l’Unof, Luc Duquesnel est le premier à avoir remis sur le tapis la revalorisation de l’acte de base. Il était temps. Avec la création récente de nouveaux forfaits et le versement de la première prime issue de la Rémunération sur Objectifs de Santé Publique (ROSP), on en avait presque oublié le C ! Le généraliste de Mayenne a d’abord plaidé en décembre lors du comité directeur de l’Unof-CSMF pour l’ouverture d’une négociation conventionnelle « de toute urgence » pour revaloriser le C à 25 euros. « Pour nous, la priorité, c’est de demander l’ouverture de cette négociation », avait-il insisté.

Une revendication relayée dans la même « maison » par le nouveau président de la CSMF, Jean-Paul Ortiz, qui a également fait du C à 25 euros sa priorité. Lui aussi, à peine élu a demandé lors de sa première conférence de presse l’ouverture, courant 2014, de négociations pour revaloriser la consultation de base. « Je l’ai dit très clairement depuis mon arrivée que c’est une priorité pour la CMSF car la valeur de l’acte de base est déconnectée de la réalité », insiste le néphrologue de Cabestany, dans les Pyrénées-Orientales, pour qui le contenu de la consultation est devenu de plus en plus « lourd » avec « des patients qui viennent avec deux voire trois motifs de consultation ».

Si l’Unof et la CMSF ont d’abord lancé les hostilités, MG France n’est pas en reste. Même si l’extension du forfait médecin traitant aux enfants est son cheval de bataille, le C à 25 euros est également la priorité du syndicat de médecins généralistes, martèle Claude Leicher, son président, qui rappelle à qui veut l’entendre que s’il n’avait tenu qu’à lui, le C serait à 25 euros depuis longtemps. En pratique, il reproche à la CSMF et au SML d’avoir signé un avenant permettant aux seuls spécialistes de coter MPC (2 euros). « Le médecin généraliste doit être traité comme les autres, en corrigeant les erreurs de nomenclatures de la Convention de 2005 qui empêchent les généralistes de majorer leurs consultations. Encore faudrait-il que les deux syndicats qui ont signé cela nous suivent... », tacle encore une fois le président de MG France. Même tonalité chez le président de la FMF, Jean-Paul Hamon, qui, lui aussi, charge la CSMF, rappelant qu’il « suffirait que la CSMF et le SML disent oui à la majoration de coordination ».

Surenchère entre syndicats

Le C reste donc une question sensible sur laquelle vos représentants se marquent à la culotte et la tension peut monter facilement entre les présidents de syndicats de médecins libéraux. à tel point qu’alors que les élections des URPS sont prévues pour 2015, on se croirait par moment déjà en campagne électorale…

Dans la surenchère, la FMF et le SML vont encore plus loin. Pour le président de la FMF, Jean-Paul Hamon, 25 euros, ce serait « un simple rattrapage de l’inflation ». Il est vrai que depuis 2004, le C n’a augmenté que de trois petits euros. Mais, pour lui, le problème n’est pas là, 25 euros n’est qu’une broutille. « 40 euros serait un bon C, c’est la moyenne en Europe ! ».

Le SML vise lui aussi bien au-delà du C à 25 euros ! Pour son président, Roger Rua, continuer dans cette logique d’augmentation a minima « et quand les caisses en ont envie » aboutira à une « détérioration de la valeur intellectuelle et morale de la consultation ». Pour sortir de ce « schéma du 1 ou 2 euros supplémentaires », le SML prône donc un « choc de revalorisation » et demande que la consultation passe « entre 40 et 50 euros ». « L’essentiel, c’est de redonner de la vraie valeur au colloque singulier. Parallèlement, il faut aussi éduquer les patients car il y a aujourd’hui une tendance à la consultation un peu trop facile, sans pédagogie, qui contribue à alimenter la surcharge du médecin », analyse Roger Rua.

Dans un contexte économique difficile et sans réelle unité des syndicats sur le sujet, le C à 25 euros sera-t-il un jour dans les cartons du gouvernement et de l’Assurance Maladie ? Rien n’est moins sûr. Côté Cnamts, la ROSP reste la priorité des priorités du directeur général de la Cnamts. Et d’ailleurs les pouvoirs publics peuvent tirer argument de la générosité de la prime que les médecins généralistes viennent de recevoir... Quant à Marisol Touraine, ce sont plutôt les négociations actuellement à l’ordre du jour autour de la rémunération du travail en équipe, qui paraissent l’occuper… Enfin, le plan d’économies annoncé par le Premier ministre, Manuel Valls, va couper sec dans le budget de la Sécu… Peu de place donc pour une revalorisation du C.

Enthousiasmes douchés

Mine de rien, la perspective de ce serrage de vis semble un peu avoir douché les enthousisames des syndicats de libéraux, même si personne ne l’avoue vraiment. Le président de la FMF, Jean-Paul Hamon, a pourtant sa petite idée pour trouver l’argent qu’il faut. « Des économies sont possibles sur l’industrie pharmaceutique et sur l’hôpital avec une meilleure organisation. Et en éduquant la population à un meilleur usage de l’hôpital et des urgences », plaide-t-il. Avant d’ajouter : « En augmentant le C, il ne faut pas croire que cela va augmenter les dépenses de façon exponentielle. Car, par exemple, en 2002, quand le C a augmenté, l’activité des médecins a baissé de façon naturelle. Ils se modèrent eux-mêmes ».

Reste que sur la revalorisation de l’acte de base, personne ne se hasarde vraiment sur un calendrier. Certes, à l’automne dernier, le chef de file de l’UNOF mettait en garde les pouvoirs publics en n’excluant pas un mouvement de contestation semblable à celui de 2001-2002… si l’Assurance Maladie ne mettait pas en route « de toute urgence » cette négociation. Cinq mois plus tard, le généraliste de Mayenne convient mezzo voce qu’il faudra peut-être repousser un peu les échéances : « Nous allons d’abord mener à terme les négociations pluriprofessionnelles qui doivent aboutir en juillet. On verra ensuite à la rentrée ».

Pour sa part, le Dr Hamon mise dorénavant sur les élections aux URPS. « J’ai déjà essayé de faire bouger les médecins mais ils ne se révoltent pas. Notre seul objectif maintenant ce sont les élections URPS 2015. » à MG France on déplore un contexte difficile où « l’espérance économique est nulle au regard des annonces faites par Manuel Valls », mais « l’optimisme pourrait venir d’une mobilisation des médecins généralistes », espère tout de même son président, sans trop de précisions sur les modalités. Enfin, le Dr Ortiz conserve sur le sujet une ligne résolument contractuelle : pour lui la discussion avec le cabinet du ministère est à privilégier, même s’il souligne que « rien n’est à exclure » si ça n’avançait pas. Dans ce contexte, il est quand même à craindre que le C à 25 euros attende encore un peu…