Aux États-Unis comme en Europe, 40 à 60 % des plus de 75 ans prennent de l’aspirine (ou un autre antiplaquettaire) dans une optique de prévention cardiovasculaire.
→ Dans cette population, l’usage prolongé d’antiagrégants plaquettaires serait associé à un risque hémorragique plus élevé qu’attendu selon une étude observationnelle du Lancet (1). Ce travail a suivi sur 10 ans 3 166 patients (dont près de la moitié âgée de 75 ans ou plus) mis sous antiplaquettaire au long cours (aspirine principalement), suite à un AVC ischémique ou à un IDM, sans protection gastrique systématique.
Durant ce suivi, 405 cas de saignements (dont 314 ayant nécessité une hospitalisation) ont été répertoriés, avec une majorité (n = 218) d’hémorragies digestives hautes. La fréquence de ces saignements variait fortement selon l’âge avec des taux annuels allant de 1,5 % chez les moins de 65 ans à 3,5 % chez les 75-84 ans et 5 % chez les plus de 85 ans.
→ Cette différence était particulièrement marquée pour les saignements fatals ou menaçant le pronostic vital avec un taux annuel inférieur à 0,5 % chez les moins de 65 ans contre 1,5 % chez les 75-84 ans, et près de 2,5 % pour les plus de 85 ans et plus.
→ Le pronostic à terme était également plus péjoratif chez les plus âgés, avec une majoration du niveau d'incapacité chez 3 % des moins de 75 ans contre 25 % chez les plus de 75 ans. Dans cette population, la moitié des saignements majeurs correspondaient à des hémorragies d’origine digestive hautes.
→ Au vu de ces données, l’utilisation en routine d’IPP chez les plus de 75 ans « devrait être encouragée », estiment les auteurs. Selon des données d’études antérieures, les IPP pourraient réduire de 70 à 90 % le risque d’hémorragie digestive chez les patients sous traitement antiplaquettaire au long cours. Cependant, leur prescription systématique en cas de prise d’aspirine prolongée n’est pas préconisée pour le moment en raison de leurs effets indésirables potentiels.
Les données de cette étude posent aussi la question du bénéfice risque du traitement antiplaquettaire chronique chez certains patients. Dans cette étude, au-delà de 75 ans, les saignements d’origines digestives étaient fatals ou engageaient le pronostic vital dans 62 % des cas.
→ Ainsi, pour les auteurs, « bien que le risque d’infarctus et d’évènements ischémiques cérébraux augmente avec l'âge, pour les patients âgés de 75 ans ou plus, les saignements gastro-intestinaux majeurs résultant d'un traitement antiplaquettaire ont autant de chances d’être fatals ou d’engager le pronostic vital qu’un AVC ischémique récurrent, si un inhibiteur de la pompe à protons (PPI) n'est pas coprescrit ». Dans un commentaire accompagnant l'étude, le Pr Hans Christoph Diener suggère que le rapport bénéfice-risque des anti-agrégants plaquettaires soit réévalué tous les 3 à 5 ans ches les patients de plus de 75 ans.
1- Linxin Li et al. Age-specific risks, severity, time course, and outcome of bleeding on long-term antiplatelet treatment after vascular events: a population-based cohort study The Lancet Published online June 13, 201
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