Le 26 novembre 2009, l’Afssaps retirait l’AMM des produits contenant du benfluorex en raison du risque de survenue de valvulopathies chez les patients traités. De nouvelles informations issues en partie des données de remboursement de l’Assurance-maladie, ont permis de mieux préciser le risque de valvulopathies qui est clairement établi pour des durées de consommation de 3 mois et plus. De 1976 à novembre 2009, il est estimé qu’environ 5 millions de patients ont été traités par benfluorex avec une durée moyenne de prise du médicament d’environ 18 mois ; 2,9 millions d’entre eux ont consommé du benfluorex pendant une durée de 3 mois ou plus.
Le benfluorex est un dérivé de la fenfluramine, une substance aux propriétés amphétaminiques. La fenfluramine est composée de deux isomères, la lévofenfluramine et la dexfenfluramine.Cette dernière stimule le relargage de la sérotonine (5 hydroxyptophane ou 5HT) contenue dans les plaquettes sanguines. Des recepteurs 5-HT-2B, présents en quantité sur les valves cardiaques, sont activés par la norfenfluramine (métabolite actif de la dexfenfluramine). Cette activation déclenche, via une cascade d’événements, la sécrétion de substances myxoïdes par des cellules interstitielles -normalement quiescentes- et qui englue l’appareil valvulaire.
QUI SONT LES PATIENTS CONCERNES
• Selon l’étude française de Le Ven parue en décembre dernier, la majorité des patients souffrant de valvulopathies induites sont des femmes (87 %) âgées en moyenne de 57 ans (75+/- 9 ans), en surpoids majoritairement (IMC à 30+/- 7 kg/m2).
• Les complications sont observées principalement dans les 2 premières années de traitement. Le risque persiste dans les deux années qui suivent l’arrêt et devient très faible au-delà, même si l’on ne peut exclure que des valvulopathies se développent plus tardivement. L’Afssaps recommande aux patients ayant pris du benfluorex pendant une période d’au moins 3 mois entre 2006 et 2009 de se soumettre à un examen auprès de leur médecin traitant afin qu’il recherche à l’interrogatoire et à l’examen clinique, tout symptôme ou signe évocateur d’une atteinte valvulaire (essoufflement à l’effort, œdème des membres inférieurs, fatigue inexpliquée, souffle cardiaque, …).
LES SIGNES D’ALERTE ET CONDUITE A TENIR
Les valvulopathies sont essentiellement des régurgitations mitrales (97 % des cas), aortiques (87 %) mais aussi tricuspides (27 %). La pathologie est souvent multivalvulaire (77 % des cas). En revanche les sténoses mitrales sont minoritaires (15 % des cas). Une hypertension artérielle pulmonaire a été retrouvée une fois sur deux.
• Conduite à tenir :
- l’interrogatoire et l’auscultation cardiaque sont un temps essentiel du dépistage d’une valvulopathie, de type insuffisance mitrale et/ou aortique majoritairement. Les patients présentant une dyspnée, un souffle cardiaque ou simplement ceux qui sont anxieux, doivent bénéficier d’une échocardiographie.
- en cas d’anomalie valvulaire, c’est au médecin cardiologue de définir la surveillance du patient. A l’invitation de la DGS et de l’Afssaps, les cardiologues incluent les patients dans une étude de suivi prospectif établie par la Société Française de cardiologie pour permettre un suivi le plus exhaustif possible des patients exposés.
A noter qu’une série de cas cas de valvulopathies induites par les dérivés fenfluraminiques suggère que certaines atteintes peuvent régresser mais une majorité restent stables ou progressent.
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