PICTOGRAMMES : LES PNEUMOLOGUES ALERTENT SUR LES RISQUES LIÉS À L'ASTHME AU COURS DE LA GROSSESSE

Publié le 08/06/2018
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Pictogramme

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En raison de sa prévalence élevée dans la population jeune, l’asthme est la maladie la plus fréquente de la femme enceinte (3-14 % des parturientes). Sa prévalence en France en cas de grossesse se situe entre 8,3 et 9,3 %. Aussi, compte-tenu des risques liés à cette pathologie, les pneumologues français alertent sur le risque d’interruption des corticoïdes et des bronchodilateurs inhalés par les femmes enceintes asthmatiques, induite par l’apposition du pictogramme « xxx + grossesse = danger » sur les boîtes de ces médicaments. Revue de la littérature à l’appui, la Société de pneumologie de langue française (SPLF) recense les dangers liés à l’asthme non équilibré chez les femmes enceintes.

► Les exacerbations peuvent survenir chez tous les patients asthmatiques , y compris les plus légers (Reddel H et al. 2017). Il existe un risque de décès par asphyxie au cours des exacerbations d’asthme, l’OMS en recense environ 260 par millions d’habitants dans le monde. Or, la grossesse est un facteur de risque d’exacerbation (Murphy VE et al. 2006) et l’absence de prise du traitement de fond est un facteur de risque.

► Une perte de contrôle de l’asthme surviendrait au cours de 40 à 50 % des grossesses, et une femme enceinte asthmatique sur cinq présente une exacerbation modérée à sévère au cours de sa grossesse (Grzeskowiak LE et al. 2016). De fait, les femmes arrêtent ou diminuent leur traitement de fond de l’asthme quand elles sont enceintes, par crainte d’un effet tératogène des traitements. Une étude australienne a montré que 42 % d’entre elles considéraient que les corticoïdes oraux étaient tératogènes et 12 % le pensaient pour les formes inhalées (Powell H et al. 2011). Et côté médical, le constat n’est pas meilleur. Seules 50,8 % des asthmatiques enceintes reçoivent un traitement approprié par corticoïdes oraux versus 72,4 % des femmes non enceintes lors des exacerbations d’asthme avec admission aux urgences (McCallister et al. 2011).

► Les risques de complications maternelles et placentaires ont été analysés dans une méta-analyse publiée en 2014 qui a recensé 40 études de cohortes de femmes enceintes asthmatiques ou non (Wang G et al 2014). L’asthme maternel est associé à une augmentation du risque maternel de diabète gestationnel (RR = 1,39), de césarienne (RR = 1,31), d’hémorragie du pre-partum (RR = 1,25) et du post-partum (RR = 1,29), de placenta praevia (RR = 1,23), de décollement placentaire (RR = 1,29) et de rupture prématurée des membranes (RR = 1,21).

► Le fœtus souffre aussi de la maladie asthmatique de sa mère et d’hypoxie pendant les exacerbations. Une méta-analyse de 2011 (Murphy VE et al. 2011) montre que l’asthme maternel est associé à l'augmentation du risque de petit poids de naissance (RR : 1,46), de retard de croissance intra-utérin (RR : 1,22) et de prématurité (RR : 1,41). Les enfants nés de mères dont l’asthme est contrôlé ont un poids de naissance inférieur de 36 grammes en moyenne par rapport aux enfants contrôles alors que cette réduction de poids est de 56 grammes lorsque l’asthme est non contrôlé (Enriquez R et al. 2007).

Dr Linda Sitruk

Source : lequotidiendumedecin.fr