Quand et à qui proposer un second rappel de vaccin anti-Covid-19 ? Peu après que le gouvernement a annoncé l’ouverture de cette injection supplémentaire aux personnes âgées en France, un message DGS-Urgent précise les modalités d’application de la mesure.
Une 4e dose pour tous les plus de 80 ans, 3 mois après la 3e dose
Comme l’indiquait ce week-end Jean Castex, alors que jusqu’à présent, la 4e dose était réservée aux immunodéprimés, depuis le 14 mars, cette injection supplémentaire peut être proposée aux aînés les plus vulnérables. Soit aux « personnes âgées de 80 ans et plus » ainsi qu’aux « résidents en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et en unités de soins de longue durée (USLD) », détaille le DGS-Urgent.
Sont plus précisément concernés tous ces sujets dès lors que 3 mois se sont écoulés depuis l’administration du premier rappel. En effet, tandis que le délai à respecter entre la primovaccination et la 3e dose avait progressivement été abaissé de 6 mois à 3 mois, l’intervalle minimal devant séparer l’administration des deux rappels est d’emblée fixé à 90 jours environ.
À noter que cette injection supplémentaire n’est pas indiquée chez certaines personnes ayant contracté le Covid-19 après la 3e dose. « Si l’infection est survenue plus de 3 mois après le premier rappel, un deuxième rappel n’est pas nécessaire », un tel contact naturel avec le virus provoquant une réponse immunitaire « au moins équivalente » à celle initiée par le vaccin, souligne le DGS-Urgent. En revanche, cette 4e dose resterait utile en cas de contamination « survenue moins de 3 mois après le premier rappel ».
2,5 millions de personnes éligibles
Aussi quelque 2,5 millions de personnes sont d’ores et déjà éligibles à la 4e dose. Sur la population cible de 4,5 millions de personnes, il faut en effet ôter le million de personnes non vaccinées et le million supplémentaire qui a eu son rappel ou a été contaminé récemment, précisait ce matin lors de son point hebdomadaire le ministère de la Santé.
Selon le DGS-Urgent, au sein de cette population, 2 millions de séniors vivant à domicile peuvent prendre rendez-vous que ce soit « en centre de vaccination, (...) ou auprès d’un professionnel de santé de ville habilité à prescrire et à administrer le vaccin, dans une officine, un cabinet ou à domicile ». « Les résidents des Ehpad et des USLD se verront (eux) proposer le deuxième rappel vaccinal directement au sein de leurs établissements, comme pour le premier rappel, selon des modalités qui seront précisées prochainement, en lien avec les ARS. »
Dose pleine de Comirnaty et demi-dose de Spikevax
Avec le ralentissement de la campagne vaccinale, les centres de vaccination ont commencé progressivement à fermer. Au 13 mars, il restait ainsi 100 centres actifs (réalisant au moins 100 injections hebdomadaires) sur l’ensemble du territoire. Mais d’après le ministère de la Santé, l’ouverture de cette deuxième dose de rappel aux plus de 80 ans ne va pas entraîner de nouvelles consignes pour freiner la baisse du nombre de centres. « Deux millions de personnes sont éligibles à ce deuxième rappel hors Ehpad, c’est un nombre qui est absorbable par la ville. Les centres ne sont pas nécessaires », juge le ministère.
Quoi qu’il en soit, doivent être utilisés pour cette injection additionnelle les mêmes produits et posologies que pour le premier rappel. À savoir une dose pleine de vaccin Pfizer-BioNTech (Comirnaty) ou une demi-dose de vaccin Moderna (Spikevax). Après administration, un « délai de surveillance (…) de 15 minutes est recommandé », ajoute le DGS-Urgent alors que cette précaution n'est plus requise dans la plupart des cas après injection du premier rappel.
Un « bénéfice individuel contre les formes graves »
Autant de préconisations décidées face à un léger rebond de l’épidémie de Covid-19 et surtout fondées sur un nouvel avis du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV). En effet, alors que fin janvier, le COSV jugeait que l’extension de la 4e dose au-delà des immunodéprimés n’était pas justifiée, l’instance est revenue le 18 février sur cette conclusion, estimant désormais que ce second rappel « devrait conférer (aux plus âgés) un bénéfice individuel contre les formes graves ».
À l’origine de ce revirement : une apparente baisse de la protection conférée par le rappel chez les séniors enregistrée dans l'Hexagone. « Les données de la Drees au 30 janvier montrent une augmentation des admissions à l’hôpital et en soins critiques des personnes âgées de plus de 80 ans ayant reçu leur premier rappel vaccinal, par opposition aux autres classes d’âge chez lesquels il n’y a pas de signal significatif. » Un phénomène que le COSV attribue à une réponse de moindre qualité (« moindre diversité des anticorps » et « réponse T moins efficace ») d’un système immunitaire sénescent.
Or, le second rappel apparaît bel et bien capable de rétablir l’efficacité du vaccin chez les aînés. C’est du moins ce que suggérerait une étude conduite en Israël – premier pays du monde à avoir proposé une 4e dose à sa population, et notamment au plus de 60 ans. De fait, selon ce travail, le second rappel permettrait, par rapport à la 3e dose, de réduire de moitié le taux d’incidence des infections à SARS-CoV-2, voire d’un facteur 4 le taux de formes sévères, résume le COSV. Le tout pour un profil de sécurité rassurant, rapporte le Pr Fischer.
La durabilité de l'efficacité de la 4e dose en question
Seule zone d’ombre : la durée de l’efficacité de cette injection supplémentaire. Certaines voix, à l’instar de l’Agence européenne du médicament (EMA), alertent pourtant depuis plusieurs mois sur la possibilité que des rappels en série ne réduisent les performances à long terme des vaccins anti-Covid-19 en « surchargeant » le système immunitaire. « Il n’y a pas d’argument scientifique suggérant qu’il pourrait exister un (tel) effet d’épuisement de la réponse immune du fait de la répétition de la vaccination », rassure toutefois le COSV.
Quoi qu’il en soit, le ministère de la Santé réfute pour l'instant toute idée d’une ouverture de ce 2e rappel à une cible plus grande. « Nous n’avons pas de plan secret d’élargissement, affirme-t-il. Nous ne fermons pas la porte mais tout se fera en fonction des avis des autorités scientifiques ». « Il faut garder l’esprit ouvert et être vigilant », ajoute le Pr Fischer.
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