Voilà quatre mois que la prescription de la prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP) aurait dû être ouverte aux médecins généralistes. « Oui, les médecins libéraux pourront bientôt, c’est l’affaire de quelques semaines, prescrire en primo-prescription cette fameuse PrEP, qui permet à plusieurs milliers de Français de limiter les risques de contamination au VIH », avait en effet promis Olivier Véran à l’Assemblée nationale en décembre. Cependant, la mesure, retoquée par le Conseil d’Etat fin janvier, tardait à être prise.
Dans ces conditions, et alors que la crise sanitaire réduit l’accès aux établissements habilités à initier le traitement (hôpitaux, centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic), la HAS vient de se positionner en faveur de la prescription en ville de ténofovir disoproxil/emtricitabine (Truvada et ses génériques) pendant la pandémie. « L’étude pharmaco-épidémiologique EPI-PHARE a montré une nette diminution des délivrances (-36 %) et des instaurations (-47 %) de PrEP pendant le premier confinement. De plus, d’après Santé Publique France, 15 % des usagers de la PrEP n’avaient pas repris le traitement après ce confinement », rappelle la HAS pour justifier sa décision.
En pratique, dès que l’ANSM aura achevé de modifier les conditions de prescription et de délivrance des médicaments concernés et tant que l’épidémie dure, « tout médecin intéressé par la prévention du VIH » devrait donc pouvoir non seulement renouveler mais aussi initier une PrEP.
Des outils pour accompagner la prescription en ville
Pour ce faire, la HAS formule toutefois quelques recommandations. Elle préconise en particulier de suivre une formation – par exemple, la formation ouverte à distance formaprep –, de faire appel aux réseaux de santé habitués à la PrEP (CeGIDD, Coordination régionale de lutte contre l'infection à VIH, etc. ) et de « consulter des sites d’aide à la prescription et au suivi (VIHclic, brochure AIDES, etc.) ».
En attendant, elle rappelle quelques grandes règles associées à la prescription de ce traitement : celui-ci est notamment contre-indiqué aux sujets séropositifs au VIH, ne connaissant pas leur statut sérologique ou insuffisants rénaux, sa prescription relève d' « une approche individuelle qui tient compte des expositions passées et futures au VIH » et doit être accompagnée d’une information concernant les effets indésirables potentiels et la nécessité de bien observer le schéma de prise choisi (continu ou discontinu), des bilans sanguins sont préconisés avant initiation, la primo-prescription est valable un mois mais les renouvellements 3 mois, et la consultation de prescription doit servir au dépistage et au traitement des IST.
Au total, la principale inconnue concerne ainsi peut-être l’"espérance de vie" de cette disposition. Survivra-t-elle en effet à la crise, ou s’arrêtera-t-elle avec elle ? Au regard du destin des autres mesures dérogatoires prises pendant la pandémie – comme, par exemple, l’allongement du délai de recours à l’IVG médicamenteuse en ville, qui a été pérennisé il y a deux semaines –, l’ouverture de la primo-prescription de la PrEP pourrait bien finir par passer dans le droit commun.
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