Digitaliser la prise en charge des patients fragiles

L'innovation infuse dans les EHPAD

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Publié le 01/07/2019
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Crédit photo : PHANIE

Détection de chute, géolocalisation des patients ayant des troubles cognitifs, verres connectés ou encore télémédecine… À l’orée de la loi grand âge et autonomie, attendue à l'automne 2019, l'utilisation des nouvelles technologies dans les EHPAD, les unités de soins de longue durée, les résidences seniors et les services d'aide à domicile fait l'objet de l'attention de la silver économie, filière consacrée au bien-être des personnes âgées, relancée par Agnès Buzyn en 2018 et présidée par Luc Broussy.

Ce dernier a reçu le 20 juin des mains de Marc Bourquin, conseiller stratégie de la Fédération hospitalière de France (FHF) et du Dr Jean-Pierre Aquino, secrétaire général de la Société française de gériatrie, un rapport sur les innovations numériques et technologiques en gérontologie, qui milite pour le développement massif des nouvelles technologies au service du grand âge.

Pack technologique

Actuellement, il existe une grande hétérogénéité dans l'utilisation d'outils numériques dans les structures. « Il y a une grande diversité qui saute aux yeux, explique le Dr Aquino. Certains EHPAD n'ont pas le WIFI tandis que d'autres travaillent déjà avec des tablettes ». L'idée est de mobiliser tous les acteurs dans un « socle commun de technologie » et de proposer une ligne de conduite commune pour améliorer la qualité de vie des résidents et le travail des soignants.

Les experts suggèrent de déployer des outils domotiques destinés à maintenir l'autonomie (volets et portes qui s'ouvrent automatiquement, capteurs lumineux indiquant la voie vers les toilettes, etc.) et des dispositifs de « levée de doute » tels que les détecteurs de chute et la géolocalisation du patient « pour intervenir plus vite ». Ils plébiscitent aussi les objets connectés comme le pilulier ou le verre pour le suivi. « Le verre par exemple permet de donner des indications sur l'état d'hydratation du patient ou la déglutition », précise Marc Bourquin. La télémédecine, déjà existante dans les EHPAD, doit continuer de se développer. « C'est un outil de non-renoncement aux soins et d'optimisation du parcours de soins et de valorisation des métiers », ajoute le Dr Aquino. Enfin, les robots sociaux (humanoïde ou phoque) font aussi partie de leur liste. « C'est une aide dans les troubles cognitifs mais ils suscitent le plus de réticence car ils émettent l'idée de remplacer l'humain », commente Marc Bourquin.

3,5 milliards d'euros sur 10 ans

Pour financer l'intégration de ces dispositifs, les auteurs du rapport évaluent la facture à 3,5 milliards d'euros sur 10 ans, dont la moitié (soit 175 millions d'euros par an) devra être assurée par l'État. « Le déploiement systématique des nouvelles technologies suppose un effort financier clairement assumé par l’assurance-maladie », lit-on. Le budget de fonctionnement des établissements et services serait abondé à hauteur de 600 millions d'euros afin de financer des postes de référent « technologie » dans les EHPAD, en lien avec le médecin coordonnateur, et de renforcer le forfait soins à hauteur de 430 millions d'euros.


Source : Le Quotidien du médecin: 9762