L’AP-HP N’Y COUPERA PAS : l’un de ses centres de chirurgie cardiaque fermera. « Ce n’est pas remis en cause », prévient Claude Evin. Que le ministre de la Santé ait récemment annoncé la suspension de la fermeture de la chirurgie cardiaque de l’hôpital Henri Mondor n’y changera rien. D’ailleurs, Claude Evin se défend d’avoir été désavoué par Xavier Bertrand. « Ce n’est pas lui qui prend la décision, c’est moi, recadre le DG d’ARS. C’est moi qui suis chargé d’appliquer le SROS ». Lequel prévoit le passage de 14 à 10 centres de chirurgie cardiaque dans la région francilienne. « Il appartient à l’AP-HP de me dire quel centre elle veut fermer », précise Claude Evin.
On devine le bras de fer politique qui se joue sur ce dossier médiatique. À la question d’un journaliste, qui lui demande si la chirurgie cardiaque de l’hôpital Saint-Joseph va également fermer, Claude Evin répond qu’il lui faut d’abord régler le cas de l’AP-HP : « Sinon, on ne peut rien faire. Sinon, ce n’était pas la peine de me demander de prendre la direction de l’ARS d’Ile-de-France ». La mission IGAS diligentée par Xavier Bertrand ne devrait pas retarder l’arbitrage final, qui sera dévoilé « dans quelques semaines ». « Il faudra bien à un moment que quelqu’un décide. Je n’ai pas l’intention de fuir mes responsabilités », complète le patron d’ARS.
Parmi les autres dossiers évoqués lors de ce bilan d’étape, treize mois après la mise en orbite de l’ARS : le devenir des crédits MIGAC gelés fin 2010 en raison du dérapage des dépenses hospitalières. L’Ile-de-France s’est ainsi trouvée privée de 65 millions d’euros. Claude Evin prend soin de préciser que la décision, contestée par les hôpitaux, a été prise par le ministère de la Santé. « Si le ministère dégèle les crédits au niveau national, je dégèlerai [les crédits MIGAC alloués à l’Ile-de-France]. Si le ministère ne dégèle pas, je ne dégèlerai pas ».
Parcours de santé lisible.
Déménagement sur un site unique ou renforcement des sites actuels : le sort de l’hôpital Poissy-Saint-Germain n’est pas réglé, indique par ailleurs Claude Evin. « Rien n’est exclu a priori. Il faudra un vrai projet médical, et un projet de financement solide », prévient-il. Un nouveau directeur sera nommé en octobre au CHIPS. L’hôpital Sud francilien est également surveillé de près par l’ARS. Le montage du bail emphytéotique hospitalier, qui a permis sa reconstruction intégrale via un partenariat public-privé d’une ampleur inédite, pose question. L’ARS envisage de négocier avec le groupe Eiffage pour réviser les conditions du bail. L’hôpital verse un loyer à Eiffage depuis le mois de janvier, alors que l’ouverture de l’établissement est reportée à l’automne.
Le projet régional de santé, qui fixe une feuille de route pour les cinq ans à venir, sera arrêté mi-juillet. Contre les déserts sanitaires, l’ARS entend sensibiliser les jeunes dès les bancs de la fac de médecine. Le développement de « supports d’installation attractifs » est à l’étude, en lien avec l’URPS (union régionale des professionnels de santé). Trois médecins franciliens sur dix vont partir à la retraite dans les cinq ans à venir. L’ARS réfléchit à la mise en place de nouveaux métiers de coordination « pour assurer un parcours de santé lisible ».
Quid de la permanence des soins hospitalière ? Le sujet, ultrasensible, n’a pas donné lieu à de grands discours. Claude Evin s’était mis le corps médical à dos en 2010, après avoir déclaré vouloir considérablement réduire le nombre de lignes de garde dans la région. À présent, le DG d’ARS avance prudemment. Le cahier des charges sera prêt en fin d’année, se contente-t-il d’indiquer. De même pour la permanence des soins ambulatoire. Une réflexion est également en cours pour organiser les gardes de pharmacie, aujourd’hui basées sur le volontariat. « J’ai bien l’intention de mettre en place un service de gardes », confirme Claude Evin.
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