C'est un appel en forme de mise en garde. Pour le conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), le Collège de la médecine générale (CMG) et la Fédération des spécialités médicales (FSM), le rôle de la profession devra être central dans la stratégie de déconfinement, dévoilée mardi par l'exécutif.
Dans un communiqué commun, ces trois organismes exhortent le gouvernement « à placer les médecins et les soignants au cœur de la stratégie nationale de post-confinement généralisé », une condition essentielle à la réussite de l'après 11 mai.
Une consultation spécifique pour le déconfinement ?
Les praticiens – notamment les médecins traitants de ville – seront en première ligne pour accompagner leurs patients et coordonner les interventions. Il s'agira notamment de « reprendre le suivi des patients atteints de pathologies chroniques, en rupture de prise en charge médicale depuis le début », de « réaffirmer la politique de dépistage et de vaccination des nourrissons » ou encore de « dépister et accompagner les patients atteints du Covid-19 dans un plan personnalisé de soins ».
La reprise d’activité des spécialités passe aussi par la relance des « explorations fonctionnelles » et des examens complémentaires invasifs, dans un cadre sécurisé à fixer par les Conseils nationaux professionnels (CNP) et le Collège de la médecine générale. La reprise des activités chirurgicales est un autre enjeu majeur « selon les territoires et la réalité épidémiologique locale ».
Proposition originale : à la sortie du confinement, l'Ordre, le CMG et la FSM appellent de leurs vœux une « consultation médicale spécifique, identifiée comme telle par la CNAM », chez le médecin traitant. Il s'agirait d'accompagner le déconfinement de la population, notamment pour les plus fragiles, en rappelant les facteurs de vulnérabilité.
Utiliser les unités Covid
Côté collaboration public/privé, les trois structures réclament des mesures claires de coopération entre la ville et l’hôpital « afin qu’aucun patient fragilisé par une hospitalisation parfois longue ne soit livré à lui-même pour sa réinsertion dans son environnement habituel ».
Autre reco ciblée cette fois sur les patients sans médecin traitant ou en grande précarité : leur prise en charge pourrait passer par les unités ambulatoires dédiées au Covid-19 ouvertes sur tout le territoire. « Cela impliquerait la participation, sur la base du volontariat, de médecins de ville et de volontaires, et la délivrance d’une information aux patients par les associations caritatives et d’entraide qui effectuent des maraudes. »
Quant à la prise en charge des patients dans les EHPAD, « la participation de médecins de ville ou de remplaçants volontaires et préalablement dépistés pourrait être envisagée ».
9 000 décès liés au Covid en ville
Pour marquer l'implication totale de la médecine de ville dans la lutte contre l'épidémie, MG France a dévoilé les résultats de sa deuxième enquête à laquelle ont répondu plus de 2 300 généralistes entre le 14 et 21 avril. Par extrapolation, elle montre que, depuis le 17 mars, « 1,8 million de personnes » ont consulté pour Covid en médecine générale, avec près de « 9 000 décès en ville » en rapport avec le coronavirus.
« C’est une estimation qui doit être consolidée, reconnaît le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. Mais cela souligne que la prise en charge des patients Covid-19 ne se fait pas uniquement à l’hôpital... ». Pour le généraliste normand, le gouvernement commettrait une « grave erreur » si son plan de sortie de confinement ne s'appuyait pas fortement sur la médecine de ville.
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