Samedi prochain, Jean-Paul Ortiz sera seul candidat à sa succession pour présider la CSMF.
Malgré le boulevard qui s'ouvre à lui, l'actuel président de la Conf' ne souhaite pas faire de ce scrutin « une élection de type Corée du Nord ». Il veut convaincre sur le fond, susciter un débat interne et faire valider par les conseillers un nouveau projet politique confédéral, base programmatique de la centrale attachée à une médecine libérale et sociale. Des propositions « qui seront enrichies dans les semaines et les mois à venir pour devenir un socle commun partagé pour tous », insiste-il.
Après un premier mandat jugé « difficile », marqué par la lutte acharnée contre le tiers payant, la rupture politique avec Marisol Touraine et la décision de la CSMF de ne pas signer la convention médicale 2016, le néphrologue de Cabestany (Pyrénées-Orientales) devrait donc être reconduit samedi prochain pour quatre ans.
Volontariste
Dans son projet d'une trentaine de pages, le spécialiste appelle ses confrères à relever eux-mêmes les défis de demain. Le premier vise à améliorer l'accès géographique aux soins en bousculant les organisations habituelles. Si le regroupement des médecins au sein de maisons de santé pluriprofessionnelles est « une réponse », pas question de laisser de côté les autres regroupements existants – dont les cabinets de groupe – ni la majorité des généralistes libéraux qui restent encore dans un exercice plus traditionnel en solo.
Le chef de file de la Confédération incite les praticiens à être moteurs des innovations organisationnelles et financières que réclame l'exécutif. Au menu, des sujets longtemps tabous comme la délégation de tâches ou la télémédecine dont l'avenant en cours de négociation devrait permettre à la CSMF de revenir dans la convention médicale.
À l'échelle des territoires, la CSMF défend le concept d'entreprises médicales de demain appelées à entrer dans une logique de contrat avec les pouvoirs publics et notamment les ARS. Le patron de la CSMF se dit prêt aussi à reprendre les relations « conflictuelles dans le passé » avec les complémentaires santé.
Quant au médecin lui-même, le temps du praticien « omniscient, omni-spécialiste » est révolu. Tout l'enjeu sera de valoriser sa dimension d'expertise spécifique.
Vers le statut unique du médecin
Volontiers réformiste sur l'exercice, le praticien veut favoriser les statuts et carrières mixtes (salariat/libéral), une façon de progresser vers le statut unique du médecin que vise la CSMF. Il s'agirait d'un « socle sur lequel s'ajoute une activité avec rémunération libérale dans un cas, ou une rémunération salariée dans l'autre ». Même ouverture de principe aux « organisations permettant l'exercice à temps partiel tout au long de la vie professionnelle, et à des temps variables ».
Au chapitre des études médicales, le Dr Ortiz veut faire « exploser le système ancestral de la formation initiale ». Sans réclamer l'ouverture du numerus clausus, il propose de le revisiter pour élargir le recrutement et améliorer la polyvalence des futurs médecins.
Parmi ses propositions figure aussi en bonne place l'évaluation de la pratique médicale. Quant au chantier de la recertification, il dénonce l'exclusion des libéraux du comité de pilotage. « Si l'on veut asseoir la mise à jour des connaissances et les intégrer dans la pratique, il faut que les représentants de la profession soient associés », ajoute-t-il.
Appelant les confrères à l'unité confédérale, « bien collectif que nos anciens nous ont légué », le Dr Ortiz n'écarte pas une réflexion sur l'évolution des statuts et de l'organisation syndicale. « Le monde a changé et le syndicalisme avec », écrit-il. Au passage, il dénonce un « activisme quasi syndical de l'Ordre national des médecins » qui devrait, selon lui, davantage se recentrer sur ses missions éthiques et thématiques autour de la fin de vie, le progrès scientifique ou la médecine prédictive... À bon entendeur.
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