Plus de trois mois après leur journée de mobilisation du 28 juin dernier, les représentants de la psychiatrie publique ont appelé ce lundi à une nouvelle journée d'actions le 29 novembre prochain. Selon l'Intersyndicale de la défense de la psychiatrie publique (Idepp), le Syndicat des psychiatres d’exercice public (Spep), le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) et l'Union syndicale de la psychiatrie (USP), le dialogue avec le ministère est au point mort et la situation sur le terrain continue de se dégrader.
Pour preuve, le SPH a dévoilé, lors d'une conférence de presse, les résultats d'une enquête flash visant à connaître le nombre de fermeture de lits et l’efficacité des mesures de la mission Braun, alors que le rapport de l'Igas n'a toujours pas été rendu public. Réalisée par questionnaire auprès des psychiatres lors de deux vagues (début juillet et mi-septembre), elle révèle que depuis le début de la crise sanitaire, 70 % des établissements ayant une autorisation en psychiatrie ont fermé des lits, faute de personnel suffisant. Pour 8 % d’entre eux, plus d’une cinquantaine de lits ont été fermés.
D’autre part, plus de trois quarts des établissements étaient concernés début juillet par des perspectives de fermetures de lits non souhaitées cet été. Mi-septembre, la moitié d’entre elles avait effectivement eu lieu. Enfin, dans un établissement sur deux, des structures extra-hospitalières ont également dû fermer durant l’été « pour permettre un redéploiement - souvent insuffisant - de ressources sur l’intra hospitalier, au détriment donc de la continuité de l’accueil ambulatoire de proximité », poursuit l’enquête.
Majorations peu appliquées
Ce travail a également été l'occasion d'interroger les psychiatres hospitaliers pour savoir si les mesures de majoration des gardes et du temps de travail additionnel, prévues pour l'été, leur avaient bien été appliquées. Or, plus d’un répondant sur trois (37 %) n’était pas en capacité de répondre à la question, par manque d’information, ce qui semble confirmer les craintes déjà exprimées par des syndicats hospitaliers. Chez les médecins correctement informés, les mesures ont été effectives durant l’été dans seulement deux établissements sur cinq. Selon la Dr Marie-José Cortès, présidente du SPH, la raison est principalement d'ordre financière. « Les établissements doivent avancer l’argent qu’ils ne reçoivent qu’ultérieurement », précise la psychiatre qui ajoute que la modification des fiches de salaire implique aussi de « réorganiser les programmes informatiques », ce qui a également un coût non négligeable.
Réforme des autorisations
En outre, les quatre syndicats sont également vent debout face à la réforme des autorisations dont le cadre est paru au Journal officiel le 28 septembre et qui sera opposable en juin prochain. Or, dans une dizaine de départements, « certains établissements ne peuvent pas répondre à tous les critères pour obtenir une autorisation », croit déjà savoir le Dr Michel Triantafyllou, président du Spep. Conséquence : l’ARS aura la possibilité de regrouper l’activité de soins sans consentement sur un nombre restreint d’établissements. Cela signifie que « les patients qui ont besoin de soins sans consentement vont devoir faire plus de distance pour être pris en charge », s’inquiète le psychiatre qui parle d'un « désastre humain » à venir.
Quant à la Dr Delphine Glachant, président de l’USP, elle estime que le projet de réforme des autorisations va permettre au privé de « s’engouffrer dans la brèche » car celui-ci « va demander à faire du soin sans consentement, car cela représente une manne supplémentaire pour eux ».
Ainsi, tout doit aujourd’hui être mis en œuvre « pour éviter le naufrage annoncé de la psychiatrie », a alerté l’Intersyndicale de la défense de la psychiatrie publique (Idepp). Selon elle, « l’urgence républicaine » risque de se transformer en « urgence humanitaire ». Elle demande donc en urgence une revalorisation des carrières en psychiatrie, mais aussi des recrutements massifs, dans un contexte où 30 % des postes dans le public ne sont pas remplis. Les quatre syndicats demandent à être reçus, au plus vite, par le ministre de la Santé.
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