Premiers remous en médecine générale

L’UFML appelle à une semaine de grève en mars

Publié le 14/11/2013
Article réservé aux abonnés

L’UNION française pour une médecine libre (UFML) a rassemblé ses troupes lors d’une réunion syndicale aux allures de conseil de guerre. Devant près de 300 professionnels de santé, une vingtaine d’intervenants ont successivement mis en pièces la politique de santé de Marisol Touraine et les mesures les plus emblématiques de son action depuis son arrivée aux affaires. La Fédération des médecins de France (FMF), l’Union des chirurgiens de France (UCDF), la Fédération nationale des infirmiers (FNI) et celle de l’hospitalisation privée en médecine, chirurgie, obstétrique (FHP-MCO) avaient répondu à l’appel de l’UFML.

En organisant cette réunion, l’UFML veut prendre les rênes d’une union sacrée interdisciplinaire et intersyndicale, fondée sur le mécontentement des professionnels de santé. « Les médecins en ont assez du mépris et des insultes du ministère de la Santé et de l’assurance-maladie, affirme le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML. Le système de santé s’effondre de toutes parts sans que les politiques ne s’en rendent compte. Nous allons le leur rappeler ! »

Le CAS, pomme de la discorde.

Piloter un tel conglomérat de mécontents est aussi un moyen pour l’UFML de raviver la flamme de la protestation autour de sa principale bête noire : le contrat d’accès aux soins (CAS). L’association et l’assurance-maladie s’affrontent depuis plusieurs semaines sur ce dispositif prévu par l’avenant 8 et qui doit entrer en vigueur au 1er décembre. Le seuil réglementaire minimal à atteindre pour lancer le nouveau secteur tarifaire est d’un tiers de médecins de secteur II éligibles (soit 8 200 praticiens). Or, un millier de praticiens de secteur II manquait encore à l’appel il y a deux semaines, selon la CNAM. L’UFML reproche à la caisse d’avoir gonflé ses chiffres avec les adhésions des médecins de secteur I. L’association a déposé un référé pour obtenir un décompte précis détaillant le secteur d’exercice des adhérents au CAS, sans succès.

L’UFML compte mobiliser un maximum de professionnels de santé sur la question du tiers payant généralisé et obligatoire que le gouvernement souhaite instaurer d’ici à 2017. Enfin, l’UFML s’insurge contre les méthodes privilégiées par Marisol Touraine pour lutter contre la désertification médicale. « En Midi-Pyrénées, 2 000 médecins généralistes sur 6 000 vont partir à la retraite dans les années à venir, peste le Dr Marty. Et pour y faire face, on nous propose douze contrats de praticiens territoriaux de médecine générale. Douze ! »

Mobilisation le 2 décembre.

À l’issue de la réunion, les frondeurs ont annoncé une « semaine blanche » au mois de mars 2014, soit huit jours d’arrêt total d’activité des professionnels de santé mobilisés. « Nous comptons sur nos adhérents pour relayer l’information auprès de leurs confrères, sur tout le territoire », commente Jérôme Marty, qui revendique 4 000 à 5 000 cotisants. Un « collectif de Mars » pilotera l’action.

Si la FMF soutient clairement la démarche de l’UFML, les chirurgiens suivront-ils l’avis de grève ? Le Dr Philippe Cuq, président de l’UCDF (et co-président du BLOC) tempère l’implication des spécialistes des plateaux techniques lourds : « Rien n’est entièrement défini ».

Prochaine échéance le 2 décembre, date à laquelle se tiendra une nouvelle journée de mobilisation. Le collectif appellera alors à un arrêt total de télétransmission.

 ANNE BAYLE-INIGUEZ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9280