L’OUVERTURE aujourd’hui de la campagne électorale officielle marque la dernière grande étape pour les syndicats engagés dans la course aux suffrages des médecins libéraux. Il reste au maximum quinze jours pour convaincre la profession (le scrutin par correspondance sera clos le 29 septembre) et, dans les états-majors, chacun mesure que la dernière ligne droite sera décisive. « Les études montrent que rien n’est joué avec cette campagne express. Beaucoup de médecins sont en train de se renseigner et se décideront au dernier moment » parie un leader syndical.
Le paradoxe est là : dans les jours où l’élection va basculer, encourageant les uns et les autres à mettre les bouchées doubles, les syndicats sont (réglementairement) astreints à la réserve. Pendant la campagne officielle, un décret interdit d’imprimer, de faire imprimer et d’utiliser sous quelque forme que ce soit des circulaires, affiches, tracts et bulletins de vote en dehors des conditions précises de la propagande officielle (documents autorisés adressés une seule fois). Les commissions d’organisation électorale (COE), placées au sein des ARS, sont censées veiller au grain et assurer l’égalité de moyens aux listes et candidats en compétition. En principe, les réunions de médecins à visée électorale, ouvertes à tous, sont également proscrites pour les mêmes raisons. « Les syndicats ont le droit de rassembler leurs seuls adhérents et de communiquer avec eux mais pas de s’adresser aux électeurs », précise Pierre Ouanhnon, directeur du pôle « ambulatoire » à l’agence régionale de santé d’Île-de-France. Rassembler ses adhérents ou tenir meeting pour des électeurs potentiels… la différence est mince. « On ne va quand même pas s’interdire de discuter avec des confrères ! », ironise le Dr Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). « On continue de faire des soirées syndicales, renchérit le Dr Roger Rua, en charge de la campagne au Syndicat des médecins libéraux (SML), qui revendique 200 réunions sur le terrain. Rien n’empêche de convoquer des médecins pour parler de la retraite et à la fin de parler d’autres sujets ! ».
De fait, les syndicats n’ont nullement l’intention de baisser la garde en cette quinzaine décisive. Publications de revues, journaux et lettres électroniques à diffusion large… : tout est bon. Et chacun a ses astuces pour faire campagne jusqu’au bout. « OK, la communication est contingentée, admet le Dr Claude Leicher, président de MG-France. Mais on peut continuer à informer nos adhérents, à informer les journalistes… »
Bref, chez les médecins, en période électorale, on fait campagne comme avant ou presque.L’UNOF (généralistes de la CSMF) convie aujourd’hui la presse sur le thème de la valorisation de la médecine générale ; demain c’est la Fédération des médecins de France (FMF) qui (re)parlera de « harcèlement » et des « abus de pouvoir » des caisses…
La situation est d’autant plus étrange que toutes les commissions électorales n’ont pas la même lecture des règles du jeu. Même le ministère de la Santé marche sur des œufs, assure un responsable de campagne. Du coup, les syndicats s’épient, ajustent leur stratégie sans céder un pouce de terrain. « On regarde ce que font nos collègues, ironise le Dr Leicher. On sera tous un peu " border line " mais c’est une situation de paix armée ». Un autre remarque que la communication électronique est « totalement incontrôlable ».
Pour les syndicats, il y a de toute façon mille façons de faire passer ses messages, campagne officielle ou pas. Le soutien appuyé de plusieurs centrales au très médiatique Dr Didier Poupardin, ce généraliste de Vitry-sur-Seine poursuivi par sa caisse primaire pour non-respect de l’ordonnancier bizone, montre que la campagne se déroule partout. En coulisse et sous les feux des projecteurs.
(1) Elle se déroule du quatorzième jour au deuxième jour précédant la date du scrutin
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