Après la grève, début avril, des médecins des urgences du CHR d’Orléans, ce sont les paramédicaux du CH de Versailles qui ont décidé de débrayer à leur tour, depuis lundi 2 mai à minuit. Comme dans de nombreux établissements, les raisons de la colère sont multiples : soignants épuisés par la crise sanitaire, départ de personnels paramédicaux et médicaux, difficultés de recrutement, flux de patients en hausse constante. Jusqu’à ce que l’élastique finisse par craquer.
C’est justement ce qu'il s’est produit le 22 avril dernier. À 7 h du matin, « il restait 61 patients aux urgences, dont une trentaine hospitalisée sur des brancards et d’autres attendaient depuis 12 heures pour avoir une consultation médicale », raconte, dans une lettre ouverte adressée à la direction, l’équipe des soignants des urgences. Celle-ci considère que cette journée noire a été « le point d’orgue d’une maltraitance institutionnelle dont nous ne voulons plus être les acteurs ».
Trente paramédicaux en arrêt
Ce jour-là, l’équipe du matin a fait valoir son droit de retrait, qui a été aussitôt refusé par la direction. Celle-ci aurait estimé qu’il n’était « pas valable et qu’une solution rapide serait trouvée », a confié au « Quotidien » Frédéric Julien Le Liard, infirmier au CH de Versailles. Mais « aucune solution » n’aurait été trouvée, selon lui, si bien que trente paramédicaux se sont mis en arrêt maladie en l’espace de quelques jours. Après une période de « service minimum », ceux-ci ont finalement décidé de se mettre en grève pour réclamer une amélioration de leurs conditions de travail et un accueil des patients décent.
Selon Frédéric Julien Le Liard, les urgences de Versailles « ne sont plus adaptées à l’afflux exponentiel d’une patientèle vieillissante polypathologique ». La lettre ouverte, qu’il a participé à rédiger, donne l’exemple d’un infirmier qui doit s’occuper de « vingt patients à la fois, dont une grande majorité de personnes âgées dépendantes ». Le courrier exige donc que des moyens conséquents soient accordés en amont, pour que les patients soient « mieux régulés sur les établissements du département et du groupement hospitalier de territoire », mais aussi aux urgences pour être « en adéquation avec le flux de population que nous recevons » et enfin, en aval, pour que « plus aucun patient ne reste plus de 24 heures dans notre service ».
Contactée par « Le Quotidien », la Dr Agathe Charpin, qui travaille à la fois aux urgences et au Samu du CH de Versailles, estime que « le problème de l’aval a été exacerbé par le Covid qui a provoqué de nombreux départs de personnels ». Conséquence : de nombreux lits ont été fermés, si bien que « des personnes ayant besoin d’être hospitalisées restent 48 à 72 heures sur des brancards, avec toute la surcharge de travail que cela implique pour soignants ». L’urgentiste versaillaise pense également que les locaux sont « trop petits, ce qui nous oblige à stocker les patients dans les couloirs ». Si de nouveaux locaux sont prévus, « cela va prendre du temps… », pronostique, la Dr Charpin.
Revalorisation des gardes
Pour remédier à cette situation, la direction a pris récemment des mesures pour revaloriser les gardes et indemniser les heures supplémentaires des paramédicaux et des médecins. À titre d’exemple, en janvier dernier, « nous avons été revalorisés significativement à partir de la première garde, alors que c’était à partir de la troisième auparavant. » Mais, malgré cela, les difficultés de recrutement perdurent : « on est à la moitié des effectifs médicaux par rapport à la cible : 14/15 équivalents temps plein (ETP) sur 27 ETP ».
Pour résumer, la direction est « à l’écoute et cherche des solutions », mais « elle n’a pas beaucoup de bras de leviers pour faire plus », estime l’urgentiste qui rappelle que la problématique de recrutement est la même sur tout le territoire. Toujours est-il que cette situation provoque, comme au CHR d’Orléans, des pertes de chances pour les patients, estime l'équipe. « Pour l’instant, on a réussi à éviter les accidents. Il n’y a pas eu de décès imprévus dans les couloirs, même si on le redoute », confie la Dr Charpin.
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne
Denis Thuriot (maire de Nevers) : « Je songe ouvrir une autre ligne aérienne pour les médecins libéraux »
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète