La place des médias dans la chaîne causale du suicide est aujourd’hui clairement attestée. En effet, la littérature sur le sujet montre de façon consensuelle que la couverture médiatique d’un suicide est susceptible d’inciter certaines personnes vulnérables à passer à l’acte par imitation (effet Werther) [1,2]. En revanche, une information responsable permettrait de soutenir un effort d’information auprès du public et d’encourager les personnes vulnérables à avoir recours à de l’aide. Les faits divers mettant en lumière les ressources disponibles pour faire face à une période de vie difficile pourraient ainsi contribuer ainsi à protéger d’un passage à l’acte suicidaire (effet Papageno) [3]. Consciente de ces effets, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a édité des recommandations destinées aux professionnels des médias (4). Ces recommandations placent le recours à un expert comme l’une des clés de voûte d’un traitement médiatique responsable du suicide.
De fait, les psychiatres devraient être les premiers experts que les journalistes sollicitent, lorsqu’il s’agit de traiter médiatiquement d’un suicide. Par leurs connaissances scientifiques et leur expérience clinique, ils sont à même de restaurer la justesse d’une information, alors susceptible de contribuer à dissiper les idées reçues relatives et les mythes au suicide. Dans cette perspective, l’interview journalistique est aussi une action de santé publique : il s’agit ni plus ni moins que d’œuvrer pour la levée de la barrière du stigma qui se dresse entre les personnes en souffrance et le soin.
Papageno
Or, répondre à une interview suscite souvent méfiance et réticence de la part des professionnels de la santé mentale, faute d’habitude à communiquer avec les journalistes. Pour ce faire, le programme Papageno (5) travaille – en collaboration avec un groupe de journalistes – à la rédaction de points de repère à usage des psychiatres afin de les aider à répondre en bonne intelligence aux sollicitations des médias sur la question du suicide.
En plus de les familiariser avec les codes, les us et les besoins de l’interview journalistique, il s’agit de les aider à guider les journalistes à délivrer un message qui permettra de réduire le risque de contagion suicidaire, tout en préservant l’indépendance et la liberté d’information.
(*) Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale Hauts-de-France
(**) Pôle de psychiatrie, CHU de Lille(1) Pirkis J, Blood RW. Suicide and the news and information media. A critical review. Mind Frame Media. 2010 Feb
(2) Sisask M, Värnik A. Media Roles in Suicide Prevention: A Systematic Review. Int J Environ Res Public Health. 2012 Jan 4;9(12):123–38
(3) Niederkrotenthaler T, Voracek M, Herberth A, Till B, Strauss M, Etzersdorfer E, et al. Role of media reports in completed and prevented suicide: Werther v. Papageno effects. Br J Psychiatry. 2010 Sep 1;197(3):234–43
(4) World Health Organization. Preventing suicide: a resource for media professionals, update 2017 [Internet].http://www.papageno-suicide.com
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