Des soignants plébiscités mais une gestion de crise très critiquée : le nouveau baromètre Carnet de santé* publié ce vendredi et réalisé par Odoxa pour la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) analyse l'impact du Covid-19 sur les Français en général et les soignants en particulier.
Premier enseignement : une petite minorité de Français (14 %), de personnels hospitaliers (17 %) et d'infirmières (19 %) « savent ou pensent » qu’ils ont été infectés par le Covid-19 – ce qui tend à confirmer que la proportion de personnes immunisées est encore faible. Un tiers des Français (32 %) mais près de la moitié des soignants (45 %) disent avoir dans leur entourage des proches qui ont été infectés.
L'État a failli
Le baromètre met en lumière le fossé entre la confiance quasi absolue (97 %) que porte le public aux soignants et le peu de crédit accordé à la politique du ministère de la santé (51 % de défiance) et au gouvernement en général (64 % de défiance). Plus de trois quarts des Français (76 %) comme des hospitaliers (81 %) estiment même que l’État « a failli et aurait pu faire plus et mieux pour éviter cette situation ».
Avec un taux de confiance au top (96 %), les médecins sont plébiscités par la population pour lutter contre le coronavirus. Au même titre que les infirmières, ils jouissent d'une image excellente auprès des Français (96 % de bonne opinion).
Interrogés cette fois sur leurs conditions de travail, les soignants, débordés, se disent sans surprise insatisfaits à 61 % (quand 79 % des Français vivent plutôt bien leur situation professionnelle dans le cadre du confinement).
La crise passe au révélateur la précarité de l'hôpital public. Près de 90 % des Français et des soignants font le constat d'un manque de moyens humains et financiers insuffisants. Et si les personnels se sentent « aimés » (76 %), les hospitaliers sont moins convaincus d’être « considérés » (52 %) et « épaulés » (48 %).
Consultations en berne
Le baromètre revient enfin sur l'une des préoccupations majeures des soignants libéraux et hospitaliers : la baisse des soins courants aux patients (hors Covid). Seuls 19 % des Français et 22 % des personnels hospitaliers disent avoir été affectés par un problème de santé au cours du dernier mois (en dehors des pathologies chroniques), « soit 7 à 9 points de moins » qu'en avril 2019, date de la dernière mesure du baromètre.
Odoxa constate surtout, parmi les Français ayant connu un problème de santé, un recul de dix points en cumulé sur les consultations physiques de professionnels (depuis décembre), accréditant le renoncement aux soins : la baisse concerne la part de Français malades qui ont fait le déplacement jusqu'au cabinet de leur médecin traitant, ceux qui ont consulté un spécialiste ou se sont rendus aux urgences. Du coup, ils sont plus nombreux à s'être soignés eux-mêmes (18 %, + 3 points) ou à avoir « attendu que ça passe » (14 %, + 2 points).
* Enquête réalisée auprès de 1 003 Français interrogés par internet les 8 et 9 avril et auprès de 2 095 professionnels de santé hospitaliers interrogés par Internet du 3 au 6 avril
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