Selon le Baromètre santé Sourds et malentendants (BSSM) réalisée entre 2011 et 2012 et publié dans le dernier « Bulletin épidémiologie hebdomadaire », les pensées suicidaires dans les 12 derniers mois étaient 5 fois plus fréquentes chez les personnes atteintes de surdité que dans la population générale, et les tentatives de suicide au cours de la vie de 3 fois supérieures pour les hommes et 2 fois pour les femmes. Les pensées suicidaires étaient associées au fait d’être « beaucoup » gêné par les troubles de l’audition, à une fatigue fréquente liée à la communication au quotidien.
Le BSSM a été réalisé auprès de 2 994 personnes de 15 ans et plus vivant avec une acuité auditive réduite ou présentant des troubles de l’audition. La situation professionnelle des personnes interrogées s’apparentait à celle que l’on retrouve dans le Baromètre santé 2010, même si les personnes en recherche d’emploi étaient proportionnellement plus nombreuses (9 % contre 7 %). Les auteurs précisent aussi que les violences physiques ou psychologiques subies au cours de l’année ainsi que les violences sexuelles subies au cours de la vie étaient 2 à 3 fois plus souvent déclarées qu’en population générale. « C’est la première enquête en France à mettre en évidence une plus grande fréquence de violences subies par ces populations, précisent les auteurs, et à étayer ainsi les dires de nombreux professionnels de ce secteur. »
Ils estiment que les populations soumises à une fatigue en termes de communication pourraient bénéficier d’un accès facilité aux aides techniques et humaines et de campagnes de sensibilisation auprès de la population générale. Ils plaident pour une augmentation des moyens alloués aux unités spécialisées en milieu hospitalier assurant un accueil en langue des signes.
Accélérer la mise en accessibilité
« Les chiffres de cette étude confirment l’urgence d’une accélération de la mise en accessibilité de notre société », estime dans un éditorial la présidente de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) Geneviève Gueydan. « Sans l’accessibilité de l’environnement à leur handicap, les personnes sourdes ou malentendantes continueront de peiner pour accéder aux études de leur choix, à une vie professionnelle épanouissante ainsi qu’à la culture », complète-t-elle.
Dans ce même numéro du « BEH », les universitaires en charge des registres des handicaps de l’enfant en Haute-Garonne (RHE31) et du registre des handicaps de l’enfant et Observatoire périnatal de l’Isère (RHEOP) ont publié leurs données concernant la période allant de 1997 à 2005. La prévalence globale des surdités bilatérales sévères et profondes était de 0,58 pour 1 000 enfants : 0,64/1 000 chez les garçons et 0,53/1 000 chez les filles. L’étiologie était connue dans la moitié des cas, et une origine génétique a pu être identifiée dans 35,6 % des cas. Dans le reste des cas, les auteurs notent une surreprésentation des origines infectieuses pré- ou postnatales : rubéole, cytomégalovirus ou toxoplasmose.
Le fait que la moitié des étiologies n’était pas connue constitue une « une information importante » pour les auteurs. « Il est fortement probable qu’une partie de ces situations de causes inconnues corresponde à des étiologies génétiques non diagnostiquées », expliquent-ils.
Les surdités étaient associées à une déficience intellectuelle dans 11 % des cas, à des déficiences motrices dans 7 % des cas, à une épilepsie dans 4 % des cas et à des troubles envahissant du développement dans 3 % des cas. Ces résultats « confirment l’intérêt d’une prise en charge précoce permettant l’amélioration du fonctionnement cognitif », concluent les auteurs.
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