LA CRISE immobilière, c’est un fait, marque le pas. L’État compte en tirer profit par quelques ventes avantageuses. Récemment, le siège parisien de Météo-France a été cédé à l’État russe contre 60 millions d’euros. Le début d’une longue série, espère Bercy, qui table sur 900 millions d’euros de biens vendus en 2010. À rapporter à la valeur totale du patrimoine immobilier de l’État, 40 millions de mètres carrés, 53 milliards d’euros.
Les hôpitaux publics rivalisent aisément, avec une surface plus vaste (60 millions de mètres carrés) estimée à 36 milliards d’euros. Mais quels piètres gestionnaires ont-ils été jusqu’à présent. « La valorisation du patrimoine n’est pas notre cur de métier », se défend Paul Castel, DG des Hospices civils de Lyon (HCL). Le mirifique patrimoine de l’AP-HP, qui se chiffre en milliards, ne lui rapporte que quelques dizaines de millions d’euros par an (en ventes et loyers). Les patrons de l’AP-HP et des HCL, interrogés par « le Quotidien », assurent que les temps changent, et qu’une politique nouvelle se met en place (voir ci-dessous).
Tous les hôpitaux de France seront contraints d’emprunter le même chemin rapidement.
L’Agence nationale d’appui à la performance hospitalière (ANAP), qui a fait de l’évaluation du patrimoine hospitalier l’une de ses priorités en 2010, souhaite que chaque hôpital lance un plan de gestion de son patrimoine, de façon à ce que le patrimoine hospitalier national amorce sa décroissance à la fin de 2012. Le tour du propriétaire ne fait que débuter, mais déjà, les observations tombent. « Le parc hospitalier est trop grand, il ne cesse d’enfler », estime ainsi Daniel Moinard, membre du conseil d’orientation de l’ANAP . Pour l’ancien DG du CHU de Toulouse, les hôpitaux doivent vendre. Des pierres, des terrains qui ont des siècles d’histoire. La charge affective est lourde, et le sujet, sensible. « Mais c’est une nécessité impérieuse, assène Daniel Moinard. La Mutualité envisage de créer une foncière pour gérer son patrimoine hospitalier. Les cliniques ne sont pas propriétaires de leurs murs. »
Folie des grandeurs ?
Cinq cents cliniques privées ont disparu du paysage en vingt ans. Une concentration qui s’est accompagnée d’une politique active de cessions. Aujourd’hui, une clinique sur deux ne possède pas ses murs. « Nous n’avons ni vignes, ni immeubles. Tout notre patrimoine est consacré aux soins. Et s’il faut vendre, nous vendons », cingle Jean-Loup Durousset, président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP). Qui reproche à l’hôpital public sa folie des grandeurs : « Pour un lit, un hôpital va construire 110 mètres carrés, et une clinique, 85 mètres carrés. Un hall immense comme celui de l’hôpital Pompidou (l’HEGP à l’AP-HP, NDLR) coûte très cher en entretien à l’assurance-maladie. » Un mètre carré de bâti hospitalier représente 1 000 euros de charges pour la Sécu.
L’ANAP a monté un groupe de travail sur le patrimoine hospitalier. À sa tête, Julien Samson, directeur général adjoint des HCL (et ancien conseiller à l’Élysée). «Il faut optimiser la gestion du patrimoine hospitalier privé par des augmentations de loyer ou des ventes, dit-il . L’État vend un milliard d’euros par an, et les hôpitaux, 100 millions d’euros pour un patrimoine équivalent. » Les architectes doivent également revoir leurs plans. « Il faut éviter les palais immenses, et densifier le parc, ce qui suppose un changement culturel », insiste Julien Samson.
Des erreurs ont été commises avec le plan d’investissement Hôpital 2007, qui a fait sortir de terre des bâtiments trop grands. Si Hôpital 2012 a changé de cap, de gros progrès restent à faire. Le DGA du CHU lyonnais enfonce le clou : « Les investissements inadaptés sont une cause de surcoût et de déficit ». Daniel Moinard ne dit pas autre chose : « Il faut trouver des marges de manuvre pour le soin. Sans être la solution miracle, la décroissance du parc immobilier doit aider au retour à l’équilibre financier des hôpitaux. »
Un discours qui ne convainc pas pleinement Gérard Vincent, délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF). « D’accord pour lutter contre les excès d’une politique d’investissements non maîtrisée. Mais attention aux raccourcis dangereux. Vendre les bijoux de famille ne réglera pas le déficit de la Sécu », prévient-il.
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