Alors qu’en 2007, le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) classait le « travail posté impliquant des perturbations du rythme circadien » comme cancérogène probable (groupe 2A) pour l'Homme, en 2016, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) mettait en avant « des risques avérés de troubles du sommeil, de troubles métaboliques, et des risques probables cancérogènes, de troubles cardiovasculaires et de troubles psychiques chez les travailleurs concernés ».
Une étude chez les infirmières et aides-soignantes
Le projet CIRCADIEM s’intéresse aux effets des différents types d’horaires de travail sur le rythme circadien et le sommeil de femmes travaillant à l’AP-HP. Avec, pour ambition finale, selon Pascal Guénel, épidémiologiste et directeur scientifique du projet, « l’émission de recommandations en termes d’aménagement des horaires de travail dans le secteur de la santé » pour limiter les effets sanitaires liés aux perturbations du rythme circadien.
Entre novembre 2016 et décembre 2017, 215 infirmières et aides-soignantes de l’hôpital Paul Brousse, à Villejuif (AP-HP) ont donc été recrutées, sur la base du volontariat. Elles se répartissaient en trois groupes horaires : équipe de nuit fixe (NF ; n = 95), équipe de jour alternant matin/après-midi (JA ; n = 96) et équipes de jour fixe à horaires divers (JF ; n = 24).
Des informations socio-démographiques, médicales, de consommation de tabac et d’alcool et sur le sommeil ont été recueillies via un questionnaire standardisé. Le rythme circadien a été mesuré grâce à un dispositif d’enregistrement en continu de l’activité (accéléromètre) et de la température cutanée (dispositif PICADo) porté jour et nuit pendant une semaine de travail.
Rythme circadien moins régulier chez les employées de nuit
L’analyse des données montre de fortes disparités entre les travailleurs de nuit et les travailleurs de jour alternant. La privation moyenne de sommeil était de 3,1 heures pour NF contre 1,6 h pour JA ; le rythme était plus fortement désorganisé pour les NF que pour les JA, avec, notamment, des périodes de somnolence fréquentes en poste. La période (durée du cycle) du rythme circadien était plus faible pour les NF (23 heures) que pour les JA (24 heures), et présentait de fortes variations, à la différence des JA. L’indice de dichotomie (qui mesure la qualité du repos pendant le sommeil) présentait de plus grandes variations chez les NF que les JA.
« Ces marqueurs du rythme circadien mettent en évidence une perturbation plus marquée chez les employées de nuit que chez celles de jour alternant », note Pascal Guénel. .
Ces premiers résultats seront complétés par des analyses plus fines des paramètres de perturbation du rythme circadien et des études sur l’expression des gènes, notamment circadiens, pour, in fine, établir une typologie des perturbations de ce rythme en fonction des horaires de travail et de sommeil.
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