« EN MATIÈRE de finances, la France ment tout le temps » : le journaliste économique François de Closets* s’est exprimé sur son sujet favori, les déficits publics, à l’occasion du congrès FHP-MCO. Son diagnostic est sans appel. La France, qui accumule les déficits depuis 35 ans, n’échappera pas à des mesures radicales pour éviter la faillite. « On n’a jamais désendetté un pays sans réduire la dépense publique massivement », rappelle François de Closets. Qui préconise de taper tous azimuts : réduction drastique du train de vie de l’État, remise à plat du système bancaire, réinvention du dialogue social, amaigrissement de la fonction publique territoriale (où l’économiste recense « 300 000 fonctionnaires surnuméraires »), remise au travail des Français (« La France a perdu une partie de sa compétitivité en imposant partout les 35 heures »). En matière de santé, de lourds changements s’imposent également. « Nous avons le meilleur système de santé au monde mais avec un petit défaut : nous ne le payons pas », ironise-t-il. Évoquant le transfert de la dette sur les générations suivantes, décidé en 1995, François de Closets parle d’« infamie ». « La CADES emprunte 35 milliards d’euros chaque année sur les marchés, autant qu’un petit État européen ». Acculé, l’État n’est plus en mesure d’apporter sa caution à la Sécu.
« Face à l’évidence d’une cessation de paiement, probablement que beaucoup de choses seront possibles », prophétise l’économiste. Qui cite la hausse des prélèvements et des cotisations pesant sur les ménages (pas sur les entreprises, au nom de la compétitivité), la lutte contre le nomadisme médical et la consommation abusive de médicaments, les restructurations (« À chaque fois qu’on veut fermer un hôpital vétuste, c’est une horreur », déplore François de Closets). Ces mesures, inenvisageables « en temps de paix », « feront hurler de tous côtés ». Combler le trou de la Sécu, ramener les dépenses de santé à 10 % du PIB, c’est pourtant possible tout en préservant l’efficacité du système, assure l’économiste. « J’en ai marre de payer comme un Suédois et d’être servi comme un Américain », a-t-il conclu son propos.
* François de Closets publie « L’échéance » avec Irène Inchauspé. Parution le 31 août 2011, éditions Fayard.
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