L’hospitalisation à domicile ne faiblit pas. Loin de là : après une progression significative de 6 % en 2023 sur un an, le recours à cette prise en charge a encore grimpé de 3,2 % en 2024. Si le taux d’augmentation est certes moindre que l’année précédente, la présidente de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (Fnehad), la Dr Élisabeth Hubert, n’est pas inquiète. « En 2022, on avait eu un petit tassement de l’activité liée à la crise du Covid. Depuis 2023 et 2024, nous avons retrouvé une progression tout à fait correcte », analyse l’ex-ministre de la Santé d’Alain Juppé en 1995.
Qui plus est, 2025 devrait marquer le passage d’un cap symbolique. « L’année dernière, le prix moyen d’une journée d’HAD en GHT a dépassé les 263 euros par jour, soit un coût global pour l’Assurance-maladie de 1,94 milliard d’euros. Autant vous dire que cette année, nous allons franchir les 2 milliards d’euros ! », s’enthousiasme la présidente de la Fnehad.
Plus visible dans le système de santé
Élisabeth Hubert se félicite surtout que l’HAD ait gagné en visibilité au sein du système de santé. « Lors de la réunion de bilan de la stratégie décennale des soins palliatifs présidée par les deux ministres de la Santé en début d’année, les premières “slides” concernaient… l’HAD ». Dans ce contexte, lorsque l’ancienne ministre entend dire qu’il n’y a aucune offre de soins palliatifs dans 21 départements (comme le Cantal ou la Lozère), elle corrige : « Non, il n’y a, certes, pas d’unité de soins palliatifs, mais il y a bien une offre de soins palliatifs à domicile ! Qu’on ne dise pas qu’il n’y a rien et qu’on laisse les gens mourir tout seuls. »
Reste néanmoins « encore un peu de pédagogie à faire », reconnaît l’ancienne généraliste, considérant que « les médecins ne prescrivent pas assez d’HAD ». Car malgré les années, « la culture hospitalo-centriste perdure », regrette-t-elle, se gardant toutefois de citer nommément les hôpitaux toujours frileux à envoyer leurs patients en HAD. Mais Élisabeth Hubert ne perd pas espoir, loin de là : « Je suis beaucoup plus confiante dans les jeunes générations parce qu’elles sont moins hiérarchiques et plus dans un esprit de coopération. Par exemple, qu’une infirmière fasse des vaccinations, cela les gêne moins que des médecins de ma génération. »
Expérimentation prometteuse à Strasbourg
Qui plus est, à l’heure où les pouvoirs publics sont en quête d’économies, la présidente de la Fnehad entend valoriser les atouts de l’HAD pour la Sécurité sociale. À Strasbourg, l’expérimentation « RAAC » pour « récupération améliorée après chirurgie cardiaque », lancée en 2020, semble prometteuse. Visant à réduire la durée moyenne de séjour, l’expérimentation consiste à intégrer l’HAD dès le début du parcours de soins du patient. « Dès la consultation pour la programmation de l’opération, le chirurgien saisit l’HAD », insiste Élisabeth Hubert. Résultat, sur 156 patients pris en charge en HAD, seulement 23 ont nécessité une ré-hospitalisation.
Surtout, le recours à l’HAD post-opératoire dans le cadre d’une chirurgie cardiaque pourrait générer d’importantes économies. « Le coût moyen pendant l’expérimentation était de 196 euros par jour d’HAD, précise l’ancienne ministre de la Santé. Le séjour de ce même patient en hospitalisation conventionnelle aurait coûté 1 700 euros par jour. Sur un seul patient, vous économisez entre 4 000 et 6 000 euros. »
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