C’EST UNE avalanche de projets de recherche sur le virus A (H1N1)v que l’Alliance nationale des sciences de la vie et de la santé* a présenté en fin de semaine dernière. Devant l’urgence face au risque de pandémie, une quarantaine de scientifiques français et leurs équipes se sont impliqués dans une « recherche-action », selon l’expression du Pr Jean-François Delfraissy. Depuis mai dernier, trois thématiques principales ont été déterminées : recherche clinique ; diagnostic, résistance thérapeutique et tests ; recherche fondamentale. C’est ainsi qu’ont été mis en place ou vont être réalisés dès la fin du mois plus de 15 projets.
Au plan clinique, le Pr Fabrice Carat (INSERM UMR 707, Paris) a annoncé le démarrage de deux cohortes. La première, CoPanFlu, va suivre, sur deux ans, 1 000 ménages (en France et à l’étranger) tirés au sort. Elle devrait fournir des informations sur le mode de transmission, l’expression de l’infection, les formes asymptomatiques. La seconde, FluCo, va s’intéresser à 1 500 volontaires infectés, dont 500 formes graves. Elle participera à la détermination des facteurs de risque et à l’évaluation thérapeutique.
Plus spécifique, une cohorte est dédiée aux femmes enceintes. Comme l’a rappelé le Dr Odile Launay (hôpital Cochin, Paris), le virus A(H1N1)v provoque une infection plus sévère au cours de la grossesse, mais « nous disposons de peu de données notamment sur les facteurs de gravité et la physiopathologie de l’infection. » La cohorte CoFluPreg, 2 000 femmes enceintes volontaires, pourrait apporter des données tant au plan de l’incidence et de la gravité que des répercussions sur la grossesse et l’enfant. Elle sera lancée à la fin du mois.
Mémoire immunitaire.
Autre thème clé de la recherche, la vaccination. Le Pr Brigitte Autran (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris) a expliqué, en préambule, que face à ce virus pandémique, la population n’a aucune d’immunité. « Sauf des personnes nées avant 1950, voire 1957, qui ont pu être au contact d’un virus cousin et en avoir gardé une mémoire immunitaire. » Rassurante, elle a confirmé que les vaccins sont issus de procédés industriels traditionnels et que « nous en avons l’expérience. »« La bonne nouvelle est que nous pensions avoir recours à deux injections et il semblerait qu’une seule puisse suffire. » Un essai sera mené chez 120 femmes enceintes, à partir du 2 e trimestre de grossesse, avec pour objectif la réponse immunitaire et l’innocuité vaccinale. Ce type d’essai ne peut être mené par l’industrie pharmaceutique. De même que les deux qui seront réalisés auprès de 120 patients transplantés rénaux et de 240 séropositifs pour le VIH. Enfin, la cohorte FluHop s’intéressera à l’immunité chez 180 volontaires enrôlés en milieu hospitalier.
Tests diagnostiques rapides.
La recherche fondamentale, qui travaille davantage « sur le moyen et le long terme », selon l’expression du Pr Bruno Lina (CNRS FRE 3011, Lyon) va s’investir dans la compréhension des mécanismes d’émergence, du pouvoir pathogène du virus et des facteurs de résistance aux antiviraux. Sur le court terme, elle va participer à la mise au point de tests diagnostiques rapides, dont la fiabilité laisse à désirer actuellement, avec une faible valeur prédictive négative (un test négatif n’exclut pas formellement l’infection).
Reste à évoquer l’essai BIVIR, qui, dès fin septembre, comparera l’oseltamivir seul à son association avec le zanamivir. Il sera mené chez 500 patients de médecine générale atteints d’une forme bénigne.
En conclusion, le Pr Delfraissy a précisé que la pharmacovigilance « ne relève pas des chercheurs mais de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) ».
* Regroupe le CEA, le CNRS, l’INRA, l’INRIA, l’INSERM, l’IRD, l’Institut Pasteur et la Conférence des professeurs d’université.
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