Il n’y a pas que dans les services de réanimation que pourrait se poser la question du tri des patients. Avec les déprogrammations massives qu’impose la crise sanitaire, les chirurgiens sont également contraints de faire des choix avant d’accueillir un patient au bloc. Dans une tribune publiée mardi 6 avril dans « Le Monde », un collectif de 89 chirurgiens alerte sur les dangers potentiels d’une déprogrammation non réfléchie et appellent à « fixer des limites » à cette stratégie.
Perte de chance
Depuis le début de l’épidémie, les responsables des blocs opératoires se basent sur les avis et recommandations des sociétés savantes et des comités d’éthique de chirurgie pour savoir quelles opérations déprogrammer. En moyenne, la fermeture de deux blocs opératoires permet, sur un mois, d’accueillir en réanimation huit à douze patients Covid supplémentaires.
Mais cette stratégie « conduit de fait à déprogrammer quatre-vingt-dix à deux cents interventions, selon le type de chirurgie habituellement réalisée dans ces blocs fermés », estiment les signataires. Or, « si un certain nombre d’interventions n’ont pas de caractère d’urgence, il n’en reste pas moins que le report de certaines chirurgies peut entraîner une perte de chance pour ces patients ».
Ne négliger aucun front
Aussi, le collectif à l’origine de la tribune met en garde contre une poursuite à l’aveugle de la stratégie de déprogrammation. « Peu de solutions sont prévues pour poursuivre une activité chirurgicale permettant d’opérer les cancers et autres maladies dont la chirurgie peut être le traitement le plus efficace, écrivent les signataires, nous ne souhaitons pas avoir à choisir entre deux types de cancers ! »
En dépit de la gravité de la situation épidémique, ils appellent donc à la « sanctuarisation » de ce qu’ils nomment « un périmètre chirurgical minimum » et « le maintien d’un parcours de soins incluant un accès préservé à la consultation ». « Pour gagner cette guerre, nous ne devons négliger aucun front au risque de nous faire déborder là où nous ne l’attendons pas », conclut la tribune.
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