« Vous me demandez pourquoi l'hôpital ne sera jamais une entreprise : parce qu'on ne peut pas en faire un objet de profits. »
Invitée à discourir sur la santé et l'entreprise par l'organisation patronale ETHIC, la ministre de la Santé a pris la défense du service public à plusieurs reprises. Sous les ors parisiens du très chic cercle Interallié, l'hématologue a vanté devant plusieurs dizaines de patrons les mérites de l'hôpital, « ultime refuge pour tous ».
Face au scepticisme de certains convives sur le modèle économique ou la gouvernance de l'hôpital, et pressée de questions par la présidente d'ETHIC Sophie de Menthon sur la dette de 30 milliards d'euros, Agnès Buzyn a dédouané les établissements. « C'est nous, c'est l'État qui crée les pertes ! », a-t-elle lancé. Et d'épingler au passage les précédentes équipes gouvernementales, responsables à ses yeux du déficit hospitalier par une « politique de baisse systématique des tarifs » et de sous-investissement.
La ministre a aussi fustigé la tarification à l'activité, « un truc de dingue » qu'elle « essaye de freiner » (ou plutôt de ramener à 50 % d'ici à 2022), et une source de désorganisation des équipes. « Moi, je faisais de la leucémie aiguë à Necker, peu rentable avec la T2A, a-t-elle expliqué. Un jour, la directrice a dit : "je vous préviens, il va falloir faire tourner le service de chirurgie de la prostate". Quelqu'un avait décidé de manière artificielle que cette chirurgie serait très rentable. Mais quand il manquait des infirmières dans ce service, on les prenait dans le mien. »
Pas de remède miracle
Comment mieux responsabiliser les usagers de santé ? Agnès Buzyn s'est opposée à la suggestion de Sophie de Menthon de porter à la connaissance des patients qui se font soigner « pour 3 500 balles à l'hôpital pour je ne sais quoi » le coût exact des soins reçus. « Les expériences à l'étranger montrent que les patients vont faire attention à cette information la première fois puis jetteront la note à la poubelle. Il n'y a pas de remède miracle », a-t-elle asséné.
« Parlez-nous des arrêts maladie que nous détestons tous », a aussi réclamé la présidente d'ETHIC. Là encore, la ministre a refusé d'incriminer une supposée complaisance de la part de la Sécu, quand bien même les IJ représentent « l'un des postes les plus dynamiques de l'assurance-maladie ». Agnès Buzyn a en revanche appelé à la « responsabilité collective » sur ce dossier sensible – que ce soit celle des entreprises « négligentes » en termes de santé au travail (notamment dans le médico-social et dans le bâtiment) mais aussi des prescripteurs et des patients qui mettent ces derniers « sous pression ».
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