Il y a encore quelques années le maillage territorial notamment en médecins généralistes était correct. Devant la dégradation de la situation partout en France la logique et l’efficience auraient dû être de favoriser d’abord la transmission des patientèles. Hélas, rien pour la déduction fiscale des droits de présentation, pour la transmission de conformité d’accessibilité des locaux, pour obtenir les aides actuelles réservées à certaines zones ou regroupement ou formes d’exercice.
Certes, on peut comprendre le calcul d’un jeune médecin qui ne voit pas l’intérêt de payer pour une reprise alors, pense-t-il, qu’il suffit de s’installer à côté de celui qui part pour en récupérer l’activité… Sauf que cela n’évite pas toujours au début le syndrome délétère de la salle d’attente vide ou de la patientèle peu valorisante ou tournante. Sauf que, dans bien des cas, le retour sur investissement de l’achat d’une patientèle et du matériel est meilleur financièrement à court et moyen terme. Sauf que c’est oublier que la revente de patientèle était une compensation à la faiblesse des retraites et que le jeune médecin sera un jour aussi un retraité.
Modernité bien pensante
Certes, on peut comprendre que les grands mots à la mode « non isolement du médecin », « coopération », « coordination », « accessibilité », justifient la disparition des cabinets de médecins seuls ou à 2 ou 3, ce qui est la majorité des cabinets actuels. Sauf que coopérer, exercer solitairement sont d’abord un état d’esprit. Exercer seul n’est pas synonyme d’exercice solitaire, pas plus qu’exercer en groupe n’est synonyme de facto de coordination-coopération. Sauf qu’en termes d’accessibilité dans bien des cas le regroupement et les avantages réservés à certains ne font que désertifier certains villages ou quartiers qui perdent leurs médecins locaux.
Certes, on peut constater que la modernité bien-pensante sur le management en santé qui transforme le médecin en technicien de santé d’une structure, face à un patient lui aussi mis en équation. Protocole, qui n’a que faire des notions de patientèle au sens relationnel et personnalisé du terme, de médecin généraliste traitant, de médecin de famille. Sauf que, dans la vraie vie avec des humains, médecins et patients, de chair et d’os, ce sont justement ces notions qui rendent efficaces et optimisent toutes les capacités techniques de la médecine moderne. C’est même la seule justification de l’existence de médecins généralistes dans un système de santé. Aussi une transmission bien réussie de patientèle est, surtout pour le patient, le meilleur moyen de continuer une dynamique relationnelle, organisationnelle et de prise en charge et d’éviter bien des errances.
Pourquoi cela n’a-t-il pas été le choix premier des sociopolitiques, y compris des syndicats médicaux ?
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