LE QUOTIDIEN : Comment avez-vous eu l’idée de proposer à vos patients de se joindre aux séances d’entraînement de votre club d’athlétisme ?
Dr OLIVIER LAMBERT : Au fil des années, je me suis attaché à des patients chroniques – des obèses diabétiques, par exemple — qui n’avaient pas accès à des traitements remboursés (kinésithérapie, centre de réadaptation) et qui n’avaient pas les moyens financiers d’être pris en charge en thalassothérapie ou dans un club de sport. Par expérience, je sais que si l’on propose à ces patients de se mettre au sport sans accompagnement, le taux d’échec est majeur. Et pourtant, le plus souvent ils sont volontaires mais ne savent pas comment faire.
Partant du principe que tous les dimanches, je co-anime la préparation physique des athlètes du club d’athlétisme de ma ville, mon idée a été de proposer à ses personnes sédentaires et mal à l’aise vis-à-vis de l’activité physique, de rejoindre une structure dans laquelle ils peuvent s’épanouir à leur vitesse. Ce club atypique est ouvert à tous, il est fondé sur la bienveillance et la camaraderie. Des champions s’entraînent avec des « monsieur et madame tout le monde » - sur fond musical - et avec la participation d’éducateurs, d’étudiants en activité physique adaptée et d’entraîneurs en formation, car le club est aussi un lieu de maturation professionnelle des encadrants.
Comment procédez-vous en pratique ?
En premier lieu, il faut que les patients soient volontaires pour participer aux séances de sport et qu’ils se licencient au club pour des questions d’assurance et de responsabilité. Lorsque je verbalise la proposition, et une fois la question du moindre coût financier abordée, il est très rare que les patients n’acceptent pas au moins de venir voir le déroulement des sessions.
Je sollicite ensuite l’avis de spécialistes pour mieux appréhender la charge sportive individuelle. Une fois le processus enclenché, les patients peuvent participer librement aux entraînements, ils n’ont pas de contraintes. La convivialité est le facteur principal de leur motivation initiale. Certains patients participent aux séances depuis plus de 15 ans, ils utilisent le terme « famille » en parlant du club. Ensuite, l’amélioration des performances individuelles – souvent poussé par le groupe - passe au premier plan.
J’ai toujours trouvé les structures sportives classiques trop austères, pas adaptées à un public de patients tout-venant car rejetant les faibles. Au club, on propose des jeux de ballon (particulièrement bien vécues dans un pays de rugby), des séances de sport à la plage… Les sessions sont ouvertes à tous les licenciés et pas seulement mes patients. Il ne s’agit pas pour moi d’une manière d’augmenter ma patientèle, mon but est de faire partager les bienfaits du sport adapté au plus grand nombre et à tous les âges. On prépare sa retraite dès la maternelle…
Gardez-vous votre place de médecin au club le dimanche ?
Je quitte ma place de soignant au profit de mon étiquette de préparateur sportif. Mais je reste médecin en cas de problème aigu. L’avantage de vivre et travailler dans une petite ville c’est que les patients ne me connaissent pas seulement sur la facette de la médecine : je joue avec mon groupe de musique, je participe aux activités associatives… Tout ça en gardant ma place de soignant. Et d’ailleurs, je rebondis souvent en consultation sur le retour d’expérience sportive pour aborder des sujets tels que la nutrition, le tabac, le diabète, l’obésité…
D’autres soignants – des kinés, des rééducateurs par exemple – font appel à moi pour prendre en charge des patients en bout de parcours de soins et qui ont besoin d’appui pour ne pas perdre le bénéfice du suivi médical initial.
Par ailleurs, mon action a été reconnue par les instances médicales locales. Depuis la loi sur la prescription d’activité physique, j’ai été sollicité par le Département des Pyrénées Orientales pour former les médecins aux différentes techniques d’activité physique. Régulièrement, des confrères viennent participer aux sessions.
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