Risques professionnels des soignants

Un DVD pour une prise de conscience

Publié le 29/06/2010
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LES CONSÉQUENCES pour la santé du stress, de l’anxiété et de la dépression sont chez les soignants près de deux fois plus élevées que la moyenne nationale. C’est ce qui a poussé l’INRS à réaliser un DVD à l’intention des dirigeants d’établissements afin qu’ils prennent davantage conscience de cette réalité. Il rend aussi hommage en quelque sorte aux soignants eux-mêmes en leur proposant une « aide à l’analyse des problèmes et à la réappropriation de leurs situations de travail ». En effet, la deuxième partie du DVD est constituée de 5 reportages effectués au sein de services qui ont déjà pris les choses en main grâce à des mesures de « prévention collective ». Autant de solutions, souvent très simples à mettre en place, qui sont ainsi suggérées pour améliorer les conditions de travail.

Nouvelles exigences.

Deux reportages montrent tout l’intérêt de constituer une équipe solidaire, ainsi que de privilégier les échanges pluridisciplinaires. Dans l’unité de soins palliatifs de Jeanne Garnier, à Paris, l’esprit d’équipe s’apprend et s’entretient. Une aide-soignante confie que « c’est grâce aux collègues qu’on arrive à tenir ». « On se connaît suffisamment pour pouvoir dire : "Je me suis trop attachée à cette patiente" », dit une autre,ce qui permet de passer le relais. À chaque rentrée, le service organise un grand ménage de printemps auquel tout le monde participe. Histoire de rassembler les troupes dans un moment de nettoyage partagé... « Les métiers ont changé, les comportements n’ont pas toujours suivi, explique la voix off. Il y a un décalage entre les pratiques traditionnelles et les nouvelles exigences de travail en milieu hospitalier. »

On nous montre aussi une démarche « d’ergonomie participative » au CH d’Alès. Un groupe de référents en ergonomie organise pour les soignants, en prévention des TMS (troubles musculosquelettiques), des séances d’échauffements avant qu’ils se mettent au travail. D’autres mesures simples sont mises en valeur, comme harmoniser le rangement du matériel de soin, d’un établissement à un autre, afin de gagner du temps, notamment pour les soignantes remplaçantes, qui généralement s’y retrouvent difficilement face à des placards inconnus. Dans ce même film, on évoque aussi l’idée d’une meilleure orientation des appels téléphoniques. 30 % des appels auxquels répondent les infirmières ne les concernent pas.

Autre élément que l’on apprend ou qui confirme une connaissance : les soignants sont plus exposés aux accidents de manutention que les travailleurs du bâtiment, du fait des manipulations répétées des patients (transferts du lit au fauteuil, retournement pour prévenir des escarres, sortie du bain, etc.). Un reportage, tourné dans une maison de retraite, montre l’avantage de la mise en place d’équipements d’aide à la manutention : rails de levage au plafond et verticalisateur pour les changes. On y voit d’ailleurs les réticences des professionnels eux-mêmes, qui se culpabilisent puis reconnaissent toute l’efficacité de ce matériel. Ils parviennent même à convaincre les patients, et annihiler leurs craintes.

Fictions non fictives.

Le DVD propose également trois fictions qui mettent en scène une aide-soignante puis deux infirmières dans des moments critiques de la journée. « Avec un peu d’organisation, on peut faire des miracles », tente de rassurer une chef. On voit clairement que non, malgré toute la bonne volonté du monde, lorsqu’il y a surmenage avéré et manque de personnel. On voit Naïma débordée, qui perd confiance et craque, qui en a assez de lutter pour obtenir le matériel. Marie, qui, dans la fiction précédente, réconforte Naïma, doit gérer cinq lits en dépassement, des conflits au téléphone, doit décider si les besoins exprimés par le patient justifient de déranger le médecin, lui-même déjà bien occupé. Elle aussi doit faire avec ce qu’elle n’a pas. Et dans la précipitation, accomplit des gestes à risque (elle se pique le doigt).

La troisième saynète illustre la polyvalence, principe adopté par les établissements de soins depuis quelques années, « pour mieux répartir les soignants au gré des besoins ». Agathe, affectée dans un service qu’elle découvre, cumule les difficultés. Elle a du mal à comprendre le dosage des médicaments génériques, elle doit subir l’agression du fils d’une patiente et commet une erreur médicale, ce qui lui vaut les réprimandes d’un médecin. Avec la mise en place des 35 heures et les nouveaux objectifs de productivité, la notion de collectif s’est détériorée, explique l’INRS. « Les temps "morts" ont été réduits à l’hôpital, ce qui a contribué à restreindre les temps de transmission entre équipes ».

Le DVD peut être emprunté auprès des services prévention des Caisses régionales d’assurance-maladie ou de la Caisse générale de sécurité sociale. Il peut également être commandé auprès de l’INRS par mail (service.diffusion@inrs.fr) ou par fax au 03.83.50.20.67. Il coûte 50 euros.

AUDREY BUSSIÈRE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8800