Créé en 2009 par le SNPHAR-e (Syndicat des anesthésistes réanimateurs hospitaliers élargi), l'observatoire de la souffrance au travail (OSAT) des praticiens hospitaliers est désormais porté par Action Praticiens Hôpital (APH), qui unit deux intersyndicales, Avenir hospitalier (AH) et Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH), soit quatorze organisations. La reprise de l'OSAT en intersyndicale s'est imposée pour venir en aide à un maximum de médecins en souffrance.
Pour cerner les situations de vulnérabilité, l'observatoire propose aux médecins de remplir un formulaire en ligne organisé en huit étapes : identité, données statistiques (fonction du déclarant, membre ou non d'un syndicat…), description de la souffrance, partage de cette difficulté avec son entourage, démarche déjà entreprise, causes possibles de cette souffrance dont le harcèlement, conséquences personnelles de la souffrance au travail et attentes par rapport à APH.
Orienter les actions syndicales
Huit administrateurs bénévoles membres d'APH se chargent d'analyser les situations individuelles. Mais l'OSAT/APH n'est pas un service d'aide psychologique, se distinguant d'autres dispositifs comme la commission SMART qui était présidée par le Dr Max-André Doppia, décédé très récemment, le réseau d'aide aux soignants de Rhône-Alpes ASRA ou encore l'association Soins aux professionnels de santé (SPS).
« L'observatoire va servir avant tout à l'action syndicale pour comprendre les situations de souffrance professionnelle. Mais face à une situation d'urgence, nous rappelons la personne pour l'orienter vers une structure adaptée », souligne Jacques Trévidic, président d'APH.
Quelles sont les causes de souffrance les plus fréquentes, déjà recensées par l'outil du SNPHAR-e ? Il s'agit d'abord du harcèlement (67 % des quelque 200 déclarations recensées entre 2010 et 2015), de la surcharge du travail, de la désorganisation du service ou encore l'absence de reconnaissance des investissements consentis.
Management à revoir
« Certaines disciplines sont plus touchées que d'autres », souligne Jacques Trévidic qui cite les urgences, la biologie soumise à la pression de l'accréditation ou encore la psychiatrie.
Pour les représentants d'APH, la situation s'est aggravée avec la T2A et les contraintes budgétaires accrues imposées au secteur. « Certains hôpitaux ont un mode de management proche des sociétés comme LIDL ou Amazon. C'est le management humain qu'il faut revoir », exhorte le Dr Nicole Smolski, présidente d'honneur d'APH.
Ainsi porté de façon intersyndicale, l'observatoire s'attend à davantage de sollicitations de la part des médecins hospitaliers. Cette collecte confidentielle permettra aux syndicats d'établir une typologie de la souffrance au travail des PH et de dresser une cartographie régionale et nationale de situations indésirables et évitables. « Ces éléments nous permettront de cibler notre action syndicale au sein de chaque établissement », conclut Jacques Trévidic.
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