Permettre à l'hôpital « de retrouver sa place dans le système de santé français ». C'est ce que souhaite la ministre de la Santé Agnès Buzyn, invitée ce vendredi matin sur Europe 1.
Interrogée par le Dr Gérald Kierzek sur « l'hôpital entreprise » et la notion de rentabilité voulue par « les gestionnaires à l'hôpital ou en médecine de ville », Agnès Buzyn est allée dans le sens du chroniqueur santé. « Au fil des réformes successives depuis 15 ans, les soignants ont perdu le sens de leur mission et sont soumis à des pressions budgétaires, sans qu'on leur explique pourquoi. Je crois que c'est très démoralisant », reconnaît la ministre. « Des annonces vont être faites », rajoute-t-elle.
Redonner de l'espoir et du sens
« L'hôpital est un merveilleux outil avec des compétences, des gens extrêmement investis, mais pour cela il faut qu'on arrive à transformer le modèle de financement de l'hôpital, pour qu'il ne pousse plus à une activité démesurée, poursuit le Pr Buzyn. Il faut valoriser la compétence particulière des hôpitaux, l'enseignement, la recherche, la capacité à faire de la bonne médecine, la qualité des soins… »
Le système de financement de l'hôpital repose actuellement sur la tarification à l'activité (T2A). Mais trouver un modèle alternatif est « compliqué techniquement », selon Agnès Buzyn. « Quand je suis arrivée dans mon ministère, aucun modèle alternatif n'avait été travaillé [...], or le système de financement actuel a été construit sur plusieurs années, vous imaginez donc l'ampleur de la tâche. »
La ministre a aussi assuré que « cela ne pourra pas se faire sans un investissement important des professionnels de santé ». Enfin, sur les conditions de travail des soignants, l'hématologue veut leur « redonner espoir » et revaloriser certaines professions comme les aides-soignantes, malgré un budget « contraint ». « Nous devons trouver le bon équilibre pour redonner de l'espoir et du sens, et revaloriser ce qui doit l'être », observe-t-elle.
Plus de passerelles lors des études
Agnès Buzyn a par ailleurs été questionnée sur l'ouverture, voire la suppression du numerus clausus dans les études médicales, qui revient dans le débat depuis quelques jours. « Le travail sur l'ouverture du numerus clausus a déjà été fait et cela va porter ses fruits dans les années qui viennent », précise d'emblée la ministre. « Par contre, il faut mieux sélectionner et mieux former, un travail sur la formation médicale et le concours d'entrée doit être fait, détaille-t-elle. Il faut plus de passerelles, des médecins qui viennent d'autres formations, pas formés uniquement sur les maths et la physique. »
La ministre a conclu en précisant « aux élus et aux citoyens » que la réforme du numerus clausus « n'est pas la réponse aujourd'hui aux déserts médicaux, c'est un autre problème ».
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