LE QUOTIDIEN DES LECTEURS

Hollande, destination danger

Publié le 16/04/2012
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La Baule-Escoublac (44)

Dr René-Patrick Brana

Je lis toujours avec délectation les propos d’un urgentiste très médiatique de gauche hospitalier qui explique que l’hôpital est l’enfer de Dante, conditions de travail épouvantables alors qu’avec les 35 heures, les médecins hospitaliers peuvent prendre une année sabbatique tous les 7 ans ou un compte épargne retraite ou un petit pactole financier, les libéraux apprécieront…

L’on comprend peu qu’ils restent à l’hôpital alors que nous serions très heureux de les accueillir en ville, où il y a là une réelle pénurie de praticiens… Ces derniers doivent reconnaître que nos honoraires, en particulier la consultation, ont augmenté dans les dernières années, ce qui n’est pas le cas de nos amis Allemands dont la Sécu dégage un excédent de… 20 milliards de réserves.

L’abaissement de l’obtention de la CMU, la généralisation du tiers payant proposée par le candidat Hollande vont sûrement arranger les choses… Il va s’appuyer sur la Mutualité comme le souhaite Madame Aubry, dont la richesse foncière et immobilière fait rêver, Mutualité qui au passage rembourse les actes d’ostéopathie pratiqués par des non-médecins…

L’ancien patron de la Mutualité, Monsieur Teulade, ministre socialiste, qualifiait les médecins de délinquants à col blanc avant que le passé ne le rattrape, ayant été condamné à 18 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende pour abus de confiance, il est vrai que Monsieur Teulade était le suppléant de Monsieur Hollande…

Le coq gaulois dans le village d’Astérix isolé du monde est terminé.

Responsabilisons un peu les patients !

Boulogne (92)

Dr Louis Van Egroo

Halte à la démagogie.

Plus le temps passe et plus on assiste le patient :

- qui ne respecte pas ses rendez-vous sans les annuler,

- qui est de plus en plus exigeant, confondant obligation de moyen et de résultat,

- qui impose au professionnel de santé plus que ce qu’il ne s’impose à lui même !

- qui ne suit pas les ordonnances prescrites,

- qui consomme de la médecine comme n’importe quel bien de consommation,

- qui ne veut pas avancer un centime d’euro et ne veut rien débourser pour se soigner…

Quel est le candidat qui prendra des décisions pour corriger tout cela ?

Pour un numerus clausus à l’installation

Fontenay-le-Comte (85)

Dr Jacques Legroux

Je voudrais par cette lettre expliquer pourquoi, médecin libéral, je serai favorable à une régulation géographique à l’installation contrôlée par la profession. C’est en mon nom propre que je m’exprime, bien que participant à la vie syndicale en défendant le travail accompli – particulièrement le travail conventionnel. J’ai conscience des oppositions vives qui pourront résulter de mes propos, j’assume cependant ceux-ci entièrement.

D’abord il faut récuser les arguments fallacieux qui permettent d’argumenter dans ce sens : les études, qui nous sont effectivement payées en grande partie par la collectivité, le sont, comme pour toutes les autres professions, ni plus ni moins, sinon qu’elles durent plus longtemps. La contrepartie financière existe cependant déjà, car nous remboursons largement la collectivité par la limitation conventionnelle de nos revenus (le coût des études équivaut à peu près à 1 euro sur le prix d’une consultation). La Coordination nationale de défense des petits hôpitaux et maternités dénonce « un esprit libéral de plus en plus égoïste » (« le Quotidien » du 6 avril) sans préciser toutefois que cette problématique n’est pas spécifique aux « libéraux », mais bien un fait sociétal généralisé. Ce manque de civisme s’applique à toute la population et aussi bien aux hospitaliers du public, la pénurie des médecins s’y exerce pareillement. Je rejoins les conclusions de cette analyse sur la résultante qui en découle « au détriment du territoire et des structures sanitaires ». Je ne partage absolument pas les conclusions en terme de risque de la privatisation si celle-ci reste toutefois très encadrée (privatisation à but non lucratif), ni sur l’externalisation des services qui permet effectivement une réduction réelle des coûts.

L’Allemagne qui, comme nous, possède un système de santé par répartition, a mis en place un système de cogestion paritaire des installations au niveau de chacun de ses Länder depuis 1992. Les dernières statistiques allemandes sont particulièrement intéressantes en terme de coût, et le retour à une état de non-déficit atteste que cette régulation y joue un grand rôle en plus de celle du système hospitalier.

Notre système actuel est faussement libéral, puisqu’il n’existe pas de vraie concurrence, mais une demi-concurrence. Ceci permet le maintien artificiel d’un surnombre de cabinets dans certaines zones, avec une surconsommation relative mais bien réelle dans ces zones, et une augmentation des coûts. Dans ce contexte il y a bien un excès de solvabilisation de cabinets qui autrement ne seraient pas rentables. Cela se fait au détriment de la population des zones déficitaires, ou faute de professionnels de santé, et aussi peut-être avec l’aval de l’exécutif (pour faciliter les restructurations), s’effectue une destruction du tissu de soins de proximité. Il me paraît donc normal que la collectivité qui permet la solvabilisation du système puisse agir sur son organisation sous réserve d’un réel contrôle paritaire avec les professionnels, par exemple par l’intermédiaire des unions régionales des professionnels de santé, comme cela se fait en Allemagne. Je recommande l’article publié en 2008 par le service juridique du Sénat et qui me paraît très pertinent (Étude de législation comparée n° 185, mai 2008, La démographie médicale).


Source : Le Quotidien du Médecin: 9115