L'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) ne cosignera pas la fameuse tribune des 124 médecins ayant dénoncé les « fake médecines » (tribune qui ciblait les médecines alternatives dont l'homéopathie) mais ouvre un débat interne et « se laisse du temps pour réfléchir sur ce sujet très compliqué », annonce en exclusivité au « Quotidien » son président Jean-Baptiste Bonnet.
Cette prise de position des internes intervient alors que la querelle médicale autour de l'homéopathie s'envenime devant les tribunaux ordinaux – une soixantaine de médecins signataires de la tribune étant visés par des plaintes pour non-confraternité. Plusieurs internes sont d'ailleurs eux-mêmes ciblés par ces poursuites. « Nous leur fournirons un avocat et les conseils juridiques nécessaires », nous précise Jean-Baptiste Bonnet.
La tribune publiée dans « le Figaro » en mars 2018 dénonçait les « pratiques ésotériques » des thérapies alternatives accusées de promesses fantaisistes, d'efficacité non prouvée et même de dangerosité.
Les jeunes et la médecine scientifique
Dans une lettre adressée mi-août aux structures d'étudiants (ANEMF), d'internes (ISNAR-IMG, ISNI) et de chefs de clinique (ISNCCA), dont le « Quotidien » a eu connaissance, le collectif « FakeMed » interpelle directement les structures jeunes et « futurs confrères » et les presse de se soutenir clairement sa démarche en faveur d'une médecine basée sur les preuves.
« Nous souhaiterions que les jeunes médecins s'emparent avec nous de ce débat en faveur d'une médecine scientifique et indépendante, peut-on lire dans le document signé par Jérémy Descoux, président du collectif FakeMed. Nous souhaiterions pouvoir peser auprès des instances universitaires et des doyens, afin de les inciter à prendre position pour refuser d'accueillir des formations, diplômes et congrès sans aucune base scientifique. » Le collectif va plus loin en précisant que le « combat ne pourra être mené efficacement qu'avec le soutien sans ambiguïté des structures jeunes ».
Le collectif prend à témoin les médecins en formation. « Comme vous pouvez le constater au sein de vos stages et de votre propre expérience professionnelle, la remise en question de notre exercice par des pratiques obscurantistes est permanente. Qu'il s'agisse de lutter contre les recommandations vaccinales, de l'arrêt de certaines chimiothérapies ou traitements indispensables... Cet esprit anti-scientifique prend de nombreuses formes. »
Jusque-là silencieux dans la querelle médicale entre « pro » et « anti » médecines alternatives, les internes ont choisi d'entrer dans la danse à leur rythme. Leur dernière assemblée générale, début septembre, a été consacrée à cette thématique. Avec cette motion à la clé, votée à l'unanimité : « L’ISNI salue le rôle de lanceur d’alerte des signataires de la tribune : l’ouverture d’un débat sur les thérapies complémentaires et leur remboursement était nécessaire, explique Jean Baptiste Bonnet au "Quotidien". Mais l’ISNI considère qu’il n’est pas de son rôle institutionnel de cosigner cette tribune et souhaite plutôt ouvrir une commission interne de réflexion sur le sujet. »
Information claire aux patients
Ce groupe de travail des juniors s'efforcera de faire mûrir une réflexion sur la place des médecines alternatives. « Il faut donner une information claire aux patients. Notre formation est basée sur l'evidence based medecine et sur la relation medecin-malade, souligne Jean-Baptiste Bonnet. Il est normal de transmettre la bonne information aux patients et de leur indiquer que le traitement n'a pas fait la preuve de son efficacité. » Néanmoins, les internes ne veulent pas fermer la porte aux médecines alternatives. « Elles constituent des options lorsqu'un patient est en échec thérapeutique », ajoute Jean-Baptiste Bonnet.
Le remboursement des granules ? « Il est anormal qu'un traitement qui n'a pas fait la preuve de son efficacité soit remboursé. Le remboursement est une forme de caution », affirme le chef de file des jeunes médecins.
La semaine dernière, les conférences des doyens des facultés de médecine et de pharmacie ainsi que la conférence des présidents d'université (CPU) ont plaidé pour un « enseignement rigoureux » de l'homéopathie et souhaité une « démarche d'évaluation objective » de cette discipline et des médecines alternatives.
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