LE QUOTIDIEN – Selon l’Ordre, 30 % des internes de médecine générale s’installent en libéral dans les cinq ans qui suivent la fin de leur cursus. Ces chiffres vous inquiètent-ils ?
JULIEN POIMBOEUF – On ne parlait jusqu’à présent que des 10 % d’internes d’une promotion qui s’installaient en ville l’année après leur diplôme. On évoque maintenant 30 %, cinq années après la sortie de la faculté. Nous observons un regain d’attractivité de la médecine générale même si la spécialité reste méconnue des étudiants. Pendant le 3e cycle, un seul stage de 6 mois est obligatoire en médecine générale. Les autres disciplines passent plus de la moitié de leur internat dans des stages de leur spécialité ! Les internes de médecine générale n’ont toujours pas les outils nécessaires pour s’installer. Résultat : à la fin de leurs études, une partie d’entre eux reste à l’hôpital ; une autre fait des remplacements pendant des années...
Un étudiant sur deux découvre la médecine générale pendant le 2e cycle alors que ce stage est obligatoire depuis 1997. Les pouvoirs publics ont-ils failli ?
Deux messages différents sont délivrés à la médecine générale. Le premier, comme dans la stratégie nationale de santé, replace le généraliste au cœur du système de soins ambulatoires et en fait le coordonnateur des professionnels de santé sur un territoire. Et il y a le second message donné aux étudiants et internes pendant leur cursus, qui ne sont pas formés au management, à l’installation, à la pluridisciplinarité... Or, on ne devient pas médecin généraliste dans un amphithéâtre.
Vous réclamez un stage supplémentaire en cabinet libéral. La communauté hospitalo-universitaire est-elle prête à l’accepter ?
Les internes mais aussi nos enseignants le réclament. Le rapport Cordier [préparatoire à la stratégie nationale de santé NDLR] préconise également le renforcement de la formation en ambulatoire. Le groupe de travail qui planche sur la réforme du 3e cycle devrait lui aussi défendre cette piste. Mais il faut aussi augmenter le nombre des enseignants. On ne peut pas rajouter sans cesse des missions aux généralistes et ne pas leur donner les moyens de se former.
Le manque d’enseignants pose problème pour encadrer les thèses de médecine générale...
Oui, la situation devient difficile. Des internes n’arrivent pas à trouver de directeur de thèse. Au sein des départements de médecine générale, les enseignants sont submergés par les demandes. En plus des thèses à encadrer, ils ont leur propre travail de recherche et leur mission de soins à assumer. Des enseignants acceptent de superviser plusieurs thèses mais cette situation crée un embouteillage.
Les pouvoirs publics défendent l’exercice en maison ou pôle de santé ainsi que le salariat. Faut-il privilégier ces solutions ?
Nous ne défendons pas un mode d’exercice plutôt qu’un autre. Tous doivent être attractifs. Le principal, c’est que les internes s’installent ! L’exercice pluriprofressionnel regroupé attire beaucoup les jeunes médecins. Environ 20 % des internes voudraient faire de la médecine générale en tant que praticiens salariés. Mais le salariat reste peu connu des internes. Hormis à Paris et dans quelques grandes villes, il existe peu de centres de santé. Nous allons travailler pour mieux identifier ces structures car cela peut attirer les internes qui veulent y exercer.
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