ANNONCÉES en janvier 2006 par Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, les majorations d’honoraires de 20 % accordées aux médecins libéraux exerçant en groupe dans les zones sous-médicalisées ont été traduites en mars 2007 dans l’avenant 20 à la convention médicale. En mai 2008, une enquête du « Quotidien » établissait que si 562 médecins avaient bénéficié de la mesure pour un total de 8,3 millions d’euros de suppléments d’honoraires perçus, 15 seulement s’étaient installés pour percevoir ces majorations, les autres en ayant simplement bénéficié car ils exerçaient déjà en groupe dans une zone sous-médicalisée.
Mais selon certains praticiens, non seulement cette mesure aura eu un effet très limité (15 nouvelles installations en zone sous-médicalisée), mais elle serait en plus injuste. Le Dr Christian Rondot exerce ainsi en zone sous-médicalisée à Orchamps-Vennes, un bourg de 1 600 habitants situé à environ 50 kilomètres de Besançon, dans le Doubs. « Je ne vois pas pourquoi seuls les médecins exerçant en groupe peuvent percevoir cette majoration de 20 % », confie-t-il au « Quotidien ». Lui-même serait bien parti s’installer en groupe ailleurs pour bénéficier de ces majorations, mais exerçant dans le même bourg depuis 25 ans et ayant « une grosse patientèle » qui lui est fidèle depuis lors, il ne voit pas comment il aurait pu expliquer cette désertion à ses patients. « En restant à Orchamps-Vennes, j’évite l’aggravation du déficit démographique de mon canton, poursuit-il, mais j’ai des frais plus importants du fait de mon exercice solitaire, tandis que mes confrères qui exercent en groupe perçoivent ces majorations alors qu’ils ont des frais bien inférieurs aux miens ». De plus, il lui est devenu quasi impossible de se faire remplacer, les médecins remplaçants préférant exercer leurs talents dans un cabinet de groupe situé en zone sous-médicalisée. L’avenant 20 prévoit en effet que les majorations s’appliquent aussi bien au titulaire qu’au remplaçant.
Christian Rondot assure même que cet avenant, au lieu de favoriser la démographie médicale, l’aggrave dans certains cas : « Je connais des médecins qui exerçaient en solitaire dans des bourgs situés en zone sous-médicalisée à quelques kilomètres du mien, et qui ont dévissé leur plaque pour pouvoir bénéficier de cette offre ». Selon lui, ces médecins sont allés rejoindre des cabinets de groupe situés dans d’autres zones sous-médicalisées, laissant parfois le bourg où ils exerçaient précédemment sans un seul médecin. « On favorise les regroupements, mais cette mesure désertifie les bourgs qui environnent le cabinet de groupe ou la maison de santé », conclut-il.
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