Le latin en fac de médecine, « un projet d’avenir » expérimenté à Lille 2

Publié le 01/06/2015
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PU (en anatomie)-PH (en anesthésie-réanimation), le Pr Antoine Drizenko a créé en 2000 à Lille 2, au sein du département sciences humaines, un ECL (enseignement choisi librement) unique en France : un cours de latin médical, à raison de 30 heures par semestre pour les étudiants de 2e année, ainsi qu’un cours de grec dispensé en M1 et M2.

Depuis quinze ans, 25 étudiants suivent le premier, une dizaine le second, la plupart ont des bacs S avec option latin grec, mais quelques néophytes aussi s’inscrivent. « Le parcours repose sur des textes édités de façon moderne, mais qui n’ont jamais été traduits, rédigés dans un vocabulaire toujours d’actualité dans les études médicales et le lexique scientifique. Il est important de comprendre les mécanismes de pensée de l’Antiquité, parfaitement superposables aux nôtres, pour pouvoir en imaginer d’autres », explique Myriam Hecquet, docteur en philologie, qui participe à l’aventure pour apprendre à lire Gallien dans le texte.

À force d’« une opiniâtreté sans borne » et grâce au soutien du doyen (le Pr Didier Gosset), défiant l’incompréhension de départ de beaucoup de collègues, le Pr Drizenko y croit plus que jamais : « Nous avons consolidé notre démarche en nouant des liens de transdisciplinarité à l’étranger, notamment aux États-Unis, se félicite-t-il en pointant les deux piliers de l’expérience lilloise : la motivation des étudiants qui sont demandeurs et enthousiastes, d’une part, et, d’autre part, la crédibilité, à leurs yeux, d’un enseignant qui est inséré dans la communauté hospitalo-universitaire, pas seulement un linguiste. Ensemble, nous avons ouvert une voie intellectuelle royale, pas spécialement élitiste : elle s’adresse à tout étudiant désireux d’atteindre son propre niveau d’excellence. »

L’étape suivante vise à exporter le modèle lillois dans d’autres facs. Son promoteur se déclare optimiste : « C’est un projet d’avenir, estime-t-il. Il y a ceux qui signent des pétitions apocalyptiques et qui sont dans la lamentation. Et il y a ceux qui se retroussent les manches », commente-t-il pro domo, avouant qu’il n’a pas encore prêté attention au contenu de la réforme.

Ch. D.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9416