Après avoir suscité beaucoup de débats et d’interrogations, la réforme du troisième cycle des études médicales est entrée en vigueur à la dernière rentrée universitaire. Avec un certain sentiment de déception pour les enseignants de neurologie. « Nous voulions profiter de cette réforme pour faire passer notre DES de quatre à cinq ans. C’est une demande récurrente et ancienne de la spécialité qui, malheureusement, a été refusée principalement pour des raisons financières. C’est une réelle déception car cette cinquième année nous semble indispensable pour permettre à nos internes de mieux se former aux diverses sur-spécialités de la neurologie », indique le Pr Mathieu Zuber, président du Collège des enseignants de neurologie (CEN) et chef du service de neurologie et neurovasculaire de l'hôpital Saint-Joseph à Paris.
Trois phases pour un apprentissage progressif
La nouvelle maquette est désormais découpée en trois phases : une phase socle (un an), une phase d’approfondissement (deux ans) et une phase de consolidation (un an). « Cette maquette a été remaniée autour d’un objectif fondamental mis en avant par cette réforme : la progressivité des apprentissages. Nous avons défini toutes les compétences que doit avoir un interne lors de chaque phase de son cursus », indique le Pr Zuber, en ajoutant qu’un changement important va avoir lieu dans le choix des tâches confiées aux internes. « Avant, un service de neurologie accueillait de manière indistincte tous les internes, qu’ils soient en premier ou en dernier trimestre de leur parcours. Et il appartenait à chaque chef de service de décider s’il confiait des choses différentes à faire aux internes en fonction de leur niveau d’apprentissage. Désormais, tout est beaucoup plus formalisé dans les textes. On ne va pas confier les mêmes missions à un interne en phase socle et à un interne en phase de consolidation », indique le Pr Zuber.
L’interne de phase socle, qui découvre la neurologie au sortir de l’externat, se verra donc confier un nombre plus restreint de tâches pour lui permettre d’approfondir les situations auxquelles il va être confronté. « On ne va pas le noyer d’entrée avec un nombre important de lits à gérer. On ne peut pas demander à un interne de première année de faire tourner une salle comme le fera un interne de troisième ou quatrième année », indique le Pr Zuber.
Ce dernier reconnait que le nouveau dispositif n’a pas été simple à mettre en œuvre dans certaines régions. « Des incompréhensions ont pu naître, ici ou là, face à la décision des Agences régionales de santé (ARS) de réserver, dans certain services, pour des internes de phase socle, des postes qui étaient convoités par des internes plus âgés. Parfois, ces derniers ont pu avoir le sentiment qu’on venait les priver de postes sur lesquels ils comptaient pour parfaire leur formation », indique le Pr Zuber.
Mettre en place les formations spécialisées
Une autre interrogation concerne les formations spécialisées transversales (FST). Il s’agit de formations pouvant réunir plusieurs spécialités autour d’une même problématique à laquelle se forme l’interne au cours d’une cinquième année, post-internat. « C’est par exemple le cas du sommeil, qui peut intéresser les neurologues, les pneumologues ou les psychiatres. Dans notre spécialité, une autre FST concerne l’onco-neurologie. Les cancers en neurologie sont très particulier et il est nécessaire que chaque année, 5 ou 6 internes se forment à la prise en charge de ces cancers », explique le Pr Zuber, en soulignant la nécessité d’organiser la mise en place de ces FST. « Nous avons encore trois ans pour le faire, le temps que nos internes, qui viennent de débuter la nouvelle maquette, finissent leur cursus ».
Une difficulté sera notamment de trouver des terrains de stage en nombre suffisant. « Il va vraiment falloir faire un travail de fourmi pour trouver partout en France des stages adéquats. Cela s’annonce compliqué en particulier pour certaines FST. Par exemple, il existe assez peu de centres en France spécialisés sur le sommeil », constate le Pr Zuber.
D’après un entretien avec le Pr Mathieu Zuber, président du Collège des enseignants de neurologie (CEN) et chef du service de neurologie et neurovasculaire de l'hôpital Saint-Joseph.
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