La simulation médicale est à la croisée des chemins.
Après la polémique sur les touchers pelviens réalisés sur des patients endormis, la ministre de la Santé a annoncé son intention d'équiper les 32 CHRU d'un centre de simulation en santé. Un an plus tard, il y a un fossé entre son souhait et la réalité. « Toutes les UFR ont développé des techniques de simulation à leur échelle avec les moyens humains et financiers dont elles disposaient. Mais on observe un manque d'harmonisation », explique le Pr Jean-Luc Dubois-Randé, président de la conférence des doyens.
La Haute autorité de la Santé (HAS) a défini en 2012 un cahier des charges pour les centres de simulation les plus élaborés (dits de type 3), dont les CHU doivent être équipés. Ces centres doivent embaucher du personnel administratif et technique à temps plein, disposer de trois salles d'enseignement et réaliser plusieurs sessions hebdomadaires d'activité pédagogique. Pour le financeur (CHU ou faculté selon les villes), la facture s'annonce salée !
« Sans achat de matériel, il faut compter environ 150 000 euros par an pour le fonctionnement d'un centre de simulation de type 3 », explique le Pr Jean-Claude Granry, président de la société savante consacrée à la simulation en santé (SoFraSimS).
La majorité des structures CHU et universités ont jusqu'à présent misé sur la plus légère simulation synthétique faisant appel à des simulateurs procéduraux et à des mannequins haute et basse fidélité. Le coût d'un mannequin haute fidélité varie entre 30 000 et 80 000 euros. Il faut ensuite ajouter les frais des autres outils, la maintenance et le personnel. « Le plus compliqué est de monter des scénarios complexes car les centres ont besoin de matériels sophistiqués et de moyens humains importants », précise le Pr Dubois-Randé.
Nouvelle enveloppe attendue
En 2013, Ségur a débloqué une enveloppe de 8,26 millions d'euros pour aider au développement de ces outils pédagogiques, soit 300 000 à 400 000 euros par région. Cette somme est loin d'être suffisante pour équiper tous les CHU d'un centre de type 3. Le ministère avait annoncé une aide financière supplémentaire mais « rien n'a été débloqué à ce jour », assure le Pr Granry, qui n'exclut pas un financement public-privé à terme.
Le Pr Xavier Martin, porteur du projet lyonnais SAMSEI (Stratégies d'apprentissage des métiers en santé en environnement immersif) témoigne des difficultés pour trouver un modèle économique pérenne pour son centre. En 2012, l'université Claude Bernard de Lyon 1 a bénéficié d'une dotation de 4,5 millions d'euros sur sept ans après avoir été retenue à un appel à projet du ministère. « À mi-parcours, la dotation nous a permis de nous déployer mais au terme des sept ans, nous devrons trouver un modèle économique pour être autonome », explique-t-il. La plupart des centres contractent une aide financière des ARS, des conseils régionaux ou du mécénat en attente d'une solution. Ils proposent aussi le plus souvent des programmes de formation continue aux professionnels de santé.
Autre problématique : le manque de ressources humaines. Si elle est ancrée chez les chirurgiens, anesthésistes-réanimateurs et urgentistes, la culture de la simulation doit désormais conquérir toutes les spécialités. Le manque de disponibilité et une relative méconnaissance demeurent des freins majeurs à l'investissement des enseignants.
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