C’est en novembre prochain qu’entrera en vigueur la réforme du troisième cycle des études médicales, après une très longue gestation. Et on ne peut pas dire que la maquette du nouveau DES soit de nature à satisfaire le monde de l’hépatogastroentérologie. « Nous craignons que s’affaiblisse le niveau de formation de nos internes qui risquent de ne pas avoir suffisamment de temps pour acquérir toutes les compétences nécessaires, en particulier dans le domaine de l’endoscopie diagnostique et thérapeutique », indique la Pr Christine Silvain (CHU de Poitiers), présidente du Collège des universitaires en hépatogastroentérologie (CDU-HGE).
Aujourd’hui, le DES d’hépatogastroentérologie est d’une durée de quatre ans. Mais l’ensemble des instances de la spécialité souhaitait qu’à l’occasion de cette réforme, la formation des internes soit passée à cinq ans. « Mais cela nous est refusé alors que d’autres spécialités comme la pneumologie ou l’allergologie ont obtenu gain de cause », constate la Pr Silvain.
Trois phases d'apprentissage
La future maquette d’hépatogastroentérologie sera divisée en trois phases. La première, d’une durée de deux semestres, sera la phase « socle ». Elle permettra à l’interne d’acquérir un certain nombre de connaissances assez généralistes et transversales. Ensuite, il devra mettre en place son projet professionnel et passer à la deuxième phase « d’approfondissement » d’une durée de quatre semestres. C’est durant ces deux années que l’interne devra acquérir la majorité des compétences en hépatogastroentérologie à la fin de laquelle l’interne passera sa thèse. Il sera alors médecin, avec des activités cliniques sous la responsabilité d’un senior Enfin, la troisième phase, de deux semestres, sera celle de la « consolidation ».
« Nous avons plaidé pour que la deuxième phase soit de six semestres au lieu de quatre. Elle est en effet d’une importance cruciale. C’est durant cette phase d’approfondissement que l’interne va devoir assimiler toutes les compétences de notre spécialité qui a beaucoup évolué ces dernières années avec la montée en puissance de l’interventionnel. C’est ce que nous avons essayé d’expliquer, pour l’instant en vain, aux tutelles. Avant, un hépatogastroentérologue faisait surtout de l’endoscopie diagnostique. Maintenant, il ne fait plus que de l’endoscopie diagnostique et thérapeutique. Et cela ne s’apprend pas du jour au lendemain. Dans tous les autres pays d’Europe, la formation en hépatogastroentérologie est de cinq ans. C’est bien la preuve qu’il n’est pas possible de se former correctement en seulement quatre ans, surtout avec le découpage de la maquette », indique la Pr Silvain.
Et la présidente du CDU-HGE d’ajouter : « Durant la première phase, l’interne ne fera pas d’interventionnel. Et durant la troisième phase, il sera dans un service comme assistant spécialiste ou équivalent. Il devra donc maîtriser l’aspect médicotechnique de la spécialité, notamment l’endoscopie diagnostique et thérapeutique, après seulement deux ans de formation ».
Des spécialisations contingentées
Certes, un certain nombre d’internes pourront prolonger leur formation d’une année en faisant une formation spécialisée transversale (FST), en cancérologie, addictologie ou en soins palliatifs. Deux options seront aussi disponibles : l’une en endoscopie de niveau 2, l’autre en proctologie. « Mais il ne sera pas possible de faire les deux options, ni de faire une option et une FST. Cela signifie que l’interne qui fera l’option en endoscopie de niveau 2 sera bien formé dans ce domaine. Mais il ne pourra avoir une formation complémentaire en proctologie, ni en cancérologie par exemple », indique le Pr Silvain. L’autre interrogation concerne le nombre d’internes qui pourront avoir cette cinquième année de formation. « Les options et les FST seront contingentées et tout le monde ne pourra pas y avoir accès », indique le Pr Silvain.
Mécontents de n’avoir pas été entendus par les tutelles, les enseignants d’hépatogastroentérologie fondent un dernier espoir sur une mission de l’Igas et de l’Inspection générale de l’éducation nationale et de la recherche. « Cette mission doit encore écouter les spécialités qui voulaient passer de quatre à cinq ans. On espère qu’au final, nos arguments vont finir par être entendus », indique la Pr Silvain.
Pour le reste, la présidente du CDU-HGE salue le « très gros travail » des enseignants pour avoir réussi à mettre en place pour cette rentrée tout l’enseignement d’e-learning. « Tout sera accessible pour tous les internes en novembre ».
D’après un entretien avec la Pr Christine Silvain (CHU de Poitiers), présidente du Collège des universitaires en hépatogastroentérologie (CDU-HGE).
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